L’armée malienne a perdu 38 soldats dans l’attaque de deux camps par des jihadistes en début de semaine, selon un nouveau bilan officiel communiqué jeudi soir et aggravant encore la sévérité du coup reçu par les forces gouvernementales.
« Je suis très fier de ces éléments, de ces parachutistes, qui se sont battus sur la position. Mais, malheureusement, après les décomptes, aujourd’hui, on a enterré 38 corps », a dit le ministre de la Défense Ibrahima Dahirou Dembélé à la télévision nationale. Le précédent bilan gouvernemental datant de mardi soir faisait état d’au moins 25 soldats tués et d’une soixantaine portés disparus.
Ce nouveau bilan confirme l’ampleur du revers essuyé par l’armée malienne lundi et mardi autour des camps de Boulkessy et de Mondoro, dans le centre du Mali près de la frontière du Burkina Faso.
Les forces armées maliennes (Fama) ont repris les camps avec l’appui d’avions de chasse et d’hélicoptères de la force antijihadiste française Barkhane. Quinze jihadistes ont été tués, selon le gouvernement malien. Les Fama n’avaient pas connu un tel bain de sang depuis le 17 mars au moins, quand une attaque jihadiste contre un camp de l’armée à Dioura (centre) avait fait près de 30 morts.
Les évènements de Boulkessy sont une nouvelle illustration de la dégradation continue de la situation dans ce pays en proie depuis 2012 aux insurrections indépendantistes, salafistes et jihadistes et aux violences interethniques meurtrières.
Appel à l’unité
Le gouvernement avait immédiatement été soupçonné de minorer les chiffres. Les femmes et les enfants de soldats avaient exprimé leur colère mercredi à Bamako, réclamant la vérité, des nouvelles des soldats et des moyens supplémentaires pour leur armée.
Les interrogations demeurent quant à la réalité du nouveau bilan.
Le ministre de la Défense, s’exprimant en uniforme à Boulkessy, a assuré que 33 soldats avaient été retrouvés en vie, dont huit reçoivent des soins. Mais il n’a pas dit si d’autres continuaient à manquer à l’appel.
Face à la contestation, il a appelé à l’unité. « Malgré ce coup dur, nous devons serrer (les coudes). C’est un combat dur, difficile. Mais face à cette guerre-là, nous devons rester unis, ensemble, derrière le chef », a-t-il dit.
Le gouvernement du président Ibrahim Boubacar Keïta a joué la carte de la cohésion. Le Mali a entamé jeudi trois jours de deuil national.