Niger: choc et incompréhension 72 heures après l’attentat meurtrier de Kouré (PAPIER GENERAL)

Au Niger, 72 heures après l’assassinant de six Français et deux Nigériens dimanche dernier par des hommes armés dans la zone de Kouré, non loin de la capitale Niamey, la population est toujours sous le choc et l’incompréhension, constate-t-on à Niamey.

Dimanche aux environs de midi, six humanitaires français et deux Nigériens (un guide et un chauffeur) ont été tués par des individus armés dans le parc aux girafes de Kouré situé à environ 70 km au sud-est de Niamey, dans le département de Kollo relevant de la région de Tillabéry.

Depuis, c’est la stupéfaction chez beaucoup de Nigériens très marqués par ce drame à quelques encablures de la capitale, ce qui selon les observateurs « est le signe d’une dégradation continue du contexte sécuritaire, en dépit notamment de l’important dispositif sécuritaire déployé dans la région et la présence des forces militaires étrangères », notamment françaises (Barkhane) et américaines.

Cet attentat terroriste est « d’autant plus surprenant qu’il est perpétré en plein jour, à moins d’une heure de la capitale et dans une zone jusque-là jugée sûre, loin des zones d’opération des mouvements terroristes ».

« C’est dommage que ça se passe dans une zone censée être tranquille, où l’on part se détendre les week-ends », s’est inquiété Yves, représentant d’un organisme humanitaire à Niamey, qui a demandé au gouvernement nigérien de prendre « toutes les dispositions pour sécuriser ces zones afin de permettre les visites aux girafes en toute tranquillité ».

« Avec tout ce qui est mobilisé comme matériel de surveillance dans le pays, voilà que c’est aux portes de la capitale que les terroristes viennent frapper et se sauver, c’est vraiment inquiétant », s’est alarmé Issoufou Moussa, élu local.

M. Mohamed, transporteur, s’est dit persuadé que « les bandits sont désormais partout sur le territoire national » et a appelé le gouvernement « à veiller à la sécurité de la population au lieu de la laisser entre les mains d’autrui (forces étrangères, NDLR) ».

De leur côté, en dépit du drame qui a visé essentiellement des humanitaires, plusieurs ONG ont décidé de rester aux côtés des Nigériens. « Loin de nous décourager, ces assassinats renforcent notre détermination à poursuivre notre mission », selon Khardiata N’Diaye, coordinatrice humanitaire pour le Niger.

Cette attaque terroriste, que le président nigérien Mahamadou Issoufou a qualifiée dimanche de « lâche et barbare », n’a toujours pas été revendiquée mercredi midi.

L’armée nigérienne poursuit la traque des assaillants avec l’appui notamment des armées partenaires. « Nous mettrons tout en œuvre, toutes les forces de défense et de sécurité sont mobilisées afin de retrouver et remettre aux mains de la justice ces criminels », a rassuré le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Alkache Alhada.

Les autorités ont renforcé la sécurité dans la zone avec l’élargissement de l’état d’urgence à l’ensemble de la région de Tillabéry, incluant notamment le département de Kollo où se trouve la réserve de Kouré.

De même, l’accès au site des girafes est suspendu « pour que les investigations qui se déroulent actuellement se poursuivent aussi en toute sérénité », a précisé M. Alhada, ajoutant qu’une enquête judiciaire a été ouverte.

Le Niger subit dans sa partie occidentale les attaques meurtrières perpétrées notamment par les groupes terroristes proches d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), d’Ansar Dine et d’autres mouvements rebelles basés dans le nord du Mali, qui ont fait des centaines de victimes civiles et militaires et des dizaines de milliers de déplacés, ont rappelé les observateurs locaux.

La zone de Kouré, proche de la frontière avec le Burkina Faso, constitue depuis plus d’un an un nouveau foyer de l’insécurité dans l’extrême sud-ouest du Niger, selon les observateurs.