J’ai repensé, à deux choses ce jour (le 8 octobre 2020, jour de libération de Soumaïla Cissé et d’otages occidentaux), à la faveur des événements qui vont remplacer «M5 vs CNSP», et «Sidiki vs Mamasita», dans nos effusions, et déclamations d’avis propres, mais teintés d’intolérance dictatoriale.
-Tétou, Tamaro et toi avez du courir et vous jeter dans les bras l’une de l’autre, voilà ce que m’a dit, une sœur, romantique, à mon retour du Japon en 2016. En effet, pour des raisons surtout économiques, je n’avais pas vu ma fille, depuis qu’elle était partie en 2009. A la place de l’adolescente qui avait quitté le Mali, je retrouvais fièrement une jeune fille mariée et mère.
Cette sœur, avait certainement vu trop de films Bollywood, Hollywood, Hollywood… étant présents dans nos quotidiens et ayant en commun le sens du mélodrame qui nous éduque à pleurer ou à danser, non pas selon nos émotions, mais selon ce qu’on pense qu’elles doivent être. Elle avait donc imaginé ce scénario devant avoir lieu, dans l’aéroport Kansaye (Japon). Je ne suis pas sûre de l’orthographe, mais la phonétique est OK.
-Non, lui ai-je répondu, en souriant, mi amusée, mi intriguée, sans plus de détails !
Comment expliquer le bonheur de revoir son enfant unique et de le voir épanoui ! Je n’ai pas les mots, sauf que j’ai très envie de revivre ces émotions, surtout que désormais j’ai deux petits-enfants.
La seconde chose à laquelle j’ai pensé, c’est Sarkozy et sa récupération d’otage à Bamako, sous ATT (Amadou Toumani Touré). Et la suite, digne d’un film mafieux, avec traçages de billets de banque payés pour la rançon, mais qui se sont retrouvés par hasard dans une boutique chic de Paris, après un passage «Pemièredamien» (passage de la Première Dame) entre autres. Ne me dites pas le montant de la rançon payée… Je risque de pleurer, car une très très très très faible proportion me permettrait de revoir ma fille après tant d’années…
Et elle permettrait à ces jeunes qui se jettent dans le désert et l’océan, d’avoir une lueur d’espoir. Mais bon, nous nous sommes des sortes d’otage de la misère. Nos vies et nos envies ne sont rien face à des envies de sacs de marque ou autres objets censées faire sourire. Ne me dites surtout pas que les vies se valent. Oh, que non ! Il y a les uns, les autres, et etcetera… Toi qui me lis, tu fais surement comme moi, partie des etcetera. Ou bien tu es dans les «tutti quanti» (petit nombre, nombre restreint) ?
Bon, plus sérieusement, qui a donné le visa aux européens qui ont fini en otages et pour la libération de qui le chantage ignoble habituel accompagné de son décaissement phénoménal et sa libération par centaine, de terroristes, dangereux s’est fait ? Depuis des années, mon secteur d’activité (Artisanat/Tourisme) connait des remous aux conséquences économiques graves pour tout ce qui est «hors système».
Cette situation, nous la devons surtout au classement par la France de mon pays dans la zone orange ou rouge… Bref, vous avez compris. Et vous donnez des visas, à des «humanitaires», sachant qu’ils peuvent nous coûter à la longue très très cher ? Rien de comparable avec ce que nous devons fournir et prouver quand nous voulons obtenir un visa pour aller en France.
Han ! J’imagine un Malien disant qu’il veut un visa, pour aller faire de l’humanitaire en France, ou en Italie. On va lui dire de s’occuper de la misère qu’il y a chez lui… Je dis donc à tout ce beau monde, de s’occuper de la misère qu’il y a chez eux, au lieu de venir faire de l’humanitaire qui finit par nous coûter encore plus cher que l’aide supposée.
Ohh, ko humanitaires…Tchiiippp, rentrez bien chez vous hein et surtout ne revenez pas, car notre pays est zone rouge ou orange d’après vos propres autorités. Eh, oui, je suis de ceux qui imaginent, que les vies ne se valant pas. Notre ex chef de l’opposition a été le bonus dans la libération… D’ailleurs, pourquoi ne pas avoir libéré d’autres Maliens, otages ? Il y en a, certainement…moins célèbres quoique, des etcetera comme nous autres…
Bon, comme je suis moi, je dois aussi dire «halte à la récupération politique ou pour des fins politiques». La plupart des Maliens, qui sont sortis pour l’accueil de Soumy l’ont fait, je pense, d’un bon sentiment car la communication, après le kidnapping de notre désormais ex-député, et ex-chef de file de l’opposition, a été bien menée, et donc l’appel à sortir, a eu écho. C’est pour l’otage libéré que les Maliens sont sortis, pas pour son parti ou sa qualité de politicien. Et si des membres du dit parti sont aussi sortis, d’autres ont certainement dormi.
De grâce, soyons ce changement que nous voulons pour le Mali et sachons parfois mettre la politique de côté, pour nous retrouver tout simplement. Sans essayer de manipuler l’opinion fatiguée. Fatiguée, tant elle est embrouillée. Ne mettons pas les retrouvailles sur le compte de la politique, mais sur celui d’un humanisme et d’une solidarité, dont nous nous vantons encore, car tout n’est pas encore perdu.
Bon, j’ai entendu des appels à faire des sacrifices… Punaise, si quelqu’un décide de sacrifier du bon poisson du fleuve qu’il pense à moi. Il est vraiment temps, que les ordonnateurs de sacrifices pensent à nous aussi qui préférons la chair du poisson à celle des ovins, caprins bovins, gallinacés…