Lors de la visio-conférence des chefs d’États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) le jeudi 20 août, l’organisation sous-régionale avait annoncé qu’elle allait rompre « les flux financiers et commerciaux » avec le Mali. Un moyen de pression, qui est déjà en vigueur à travers la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), qui a suspendu la plupart de ses activités.
epuis plusieurs jours, les guichets de la Banque centrale des États d’Afrique de l’ouest à Bamako sont fermés. Cette mesure se base « sur une instruction verbale » de bloquer les flux financiers, indique une source. Plusieurs comptes du Trésor ne sont plus fonctionnels.
Concrètement, il devient plus difficile pour les « autorités » d’engager des dépenses pour payer les fonctionnaires et les diplomates. Difficile aussi d’engager des dépenses courantes, telle que le carburant. Impossible enfin, de commercer avec les autres pays de la sous-région.
Faire pression sur la junte
L’objectif est clair : faire pression sur la junte. Mais « ces mesures dissuasives sont disproportionnées », commente un diplomate : « cela affecte plus les Maliens que la junte », poursuit cette source. Même scepticisme exprimé par les établissements bancaires, qui s’approvisionnent et effectuent leurs opérations via la BCEAO.
« Impossible de dire combien de temps les banques tiendront, mais nous sommes dans une situation hors norme », déplore Hamadoun Bah, le secrétaire général du Synabef, syndicat regroupant banques et assurances. Ce syndicaliste exprime une inquiétude : celle de voir les banques manquer de liquidités.
Les conséquences de tout cela pour les banques, c’est le risque que les clients affluent en voulant coûte que coûte avoir leurs salaires alors qu’ils ne sont pas disponibles à ce niveau. Ça peut créer une fronde sociale. Et là, la BCEAO ne sera pas épargnée.
Hamadoun Bah
Bineta Diagne
Depuis mardi, des sanctions économiques prises par la Cédéao ont été assouplies. Les transactions bancaires nationales sont désormais possibles. En revanche, toutes transactions internationales restent impossibles. Et cet embargo économique a ou aura des conséquences sur le moyen et le long terme sur les citoyens maliens.
« A long terme, la première conséquence ça va être que les ménages qui vont retirer le maximum de leurs comptes vont vouloir, dans un instinct de survie, commencer à stocker des biens et des services dont ils n’ont pas forcément besoin dans l’immédiat, explique le Dr Etienne Fakaba Sissoko. Et cette demande de biens et de services sur le marché va avoir comme conséquence de créer une rareté de biens et de services, et en situation de rareté, le prix des produits augmente. Et si le prix augmente, cette augmentation générale va aboutir à l’inflation. Et la conséquence immédiate de cette inflation, ça va être la diminution du pouvoir d’achat des ménages et la baisse de production de ces entreprises qui ont, dans un premier temps, bénéficié de cette augmentation de l’achat de produits, de biens et de services. »
Nous avons du mal à faire des remises entre les banques, et les opérations à l’étranger. Toutes les opérations bancaires qui passent par la BCEAO sont bloquées. Nous avons du matériel bloqué au niveau de Dakar, puisque nous acheminons du matériel informatique par le port de Dakar. Et j’ai des collègues, qui ont aussi des problèmes à d’autres frontières.