Depuis la proclamation des résultats définitifs du second tour des élections législatives, le 30 avril dernier, la capitale Bamako et plusieurs villes du Mali sont en proie à des violences. À Bamako, les affrontements entre jeunes et Policiers prennent l’allure d’une guérilla dans les rues pour traquer les manifestants. Ces scènes de violence font souvent des victimes parmi les populations civiles jusque dans leur domicile.
En plus des 4×4 utilisés pour les patrouilles ordinaires, les éléments de la sécurité ont été aperçus, ces derniers temps, sur des motos dans les rues de Bamako en vue de traquer les manifestants qui bravent le couvre-feu. Cette nouvelle stratégie adoptée par la Police a permis l’arrestation de nombreux jeunes sans pour autant imprimer un coup d’arrêt aux mouvements qui se sont poursuivis dans plusieurs quartiers de Bamako autant sur la rive droite que sur la rive gauche. Si des manifestants ont pu être arrêtés, il n’en demeure pas moins qu’on enregistre des victimes collatérales dans ces violences, des paisibles citoyens blessés jusque chez eux.
Selon un témoin, à Magnambougou, aux environs de 2 heures du matin, ce 7 mai 2020, des échauffourées entre Policiers et manifestants ont empêché plusieurs paisibles citoyens de fermer les yeux tant les jets de gaz et les poursuites dans les rues étaient intenses.
Des barricades ont été érigées dans plusieurs rues aux environs du 10e arrondissement, à Niamakoro ; vers Yirimadio, jusqu’à Niamana, rapportent des témoins.
À Kalaban-Coro, le couvre-feu laisse la place à des attaques et braquages simultanés dans le secteur Plateau et le marché de Nere-Coro.
Selon une source, 3 individus sur des motos, munis d’un fusil AK-47 se présentent au marché de Nere-Coro, trouvent 3 jeunes assis devant une boutique, celle de monsieur DOUMBO (Amadou DOUMBO gardien du marché, Sékou KAREMBE qui loge dans le marché et Ablaye DOLO, restaurateur au marché).
Aussitôt, ils se sont présenté comme des agents de la Police et leur montrent une carte professionnelle. Ensuite, ils demandent au gardien d’ouvrir le magasin, le gardien dit qu’il n’a pas la clé. Aussitôt, les délinquants lui donnent un coup de couteau à son bras, le second a tiré sur la jambe de Sékou et le troisième a tapé sur la tête et le dos du restaurateur avec une barre de fer.
Après les avoir blessés, ils leur ont retiré leurs téléphones et après quelques tirs, les bandits déguisés en Policiers ont pris la fuite.
Aussitôt alertées, la Police et la Protection civile se sont rendues sur les lieux.
Au même moment, une autre attaque était en cours à Kalaban-Coro Plateau vers la mairie, rapporte une autre source. Au moment où les députés s’apprêtent à s’installer confortablement dans leurs fauteuils, voilà le visage hideux de notre capitale, vitrine de tout le Mali.
Pour le moment, il est difficile de situer les motifs réels de ces manifestations. Si pour les uns, il s’agit d’exiger l’arrêt du couvre-feu consécutif au respect des mesures barrières dans le cadre de la lutte contre la pandémie du COVID-19, d’autres dénoncent la vie chère. Mais c’est la proclamation des résultats définitifs du second tour des législatives qui a mis le feu aux poudres. En annulant des milliers de voix dans certaines circonscriptions avant de proclamer des perdants vainqueurs de ces joutes électorales, les sages de la Cour constitutionnelle ont provoqué la colère des électeurs dans plusieurs localités du pays.
Au lieu de traiter ces manifestants avec mépris, le gouvernement ferait mieux de les démarcher pour calmer les ardeurs dans un contexte socio-sécuritaire et sanitaire déjà très tendu.