Ces chiffres satisfaisants, tirés par le tourisme et les exportations des secteurs de l’énergie et des phosphates, ne doivent pas masquer des déséquilibres macroéconomiques qui restent préoccupants.
Enfin une bonne nouvelle macroéconomique pour la Tunisie : ses réserves en devises ont dépassé le « seuil de sécurité » établi à 90 jours d’importation. Au 15 août, elles étaient de 17,2 milliards de dinars (5,4 milliards d’euros), soit 96 jours d’importation, en hausse de près de 55 % par rapport à la même période l’an dernier.
Les secteurs du tourisme et ceux de l’énergie et des mines, moribonds depuis la révolution, sont repartis expliquant ce nouvel afflux de devises. Au premier semestre, les recettes touristiques ont atteint près de 2 milliards de dinars (623 millions d’euros, +42,5 % par rapport à la même période en 2018), selon le ministère du Tourisme. Les exportations énergétiques et du phosphate ont grimpé respectivement de 23,5 % et 22,7 % durant les sept premiers mois de l’année 2019, selon l’Institut national de la statistique. De quoi se montrer optimiste pour le futur ? Pas forcément.
Un déficit commercial qui se creuse
« Ces indicateurs sont positifs. Mais l’arrivée des nouvelles devises est surtout due à l’emprunt de 700 millions d’euros sur le marché international de la dette et les 247 millions de dollars de prêts venant du FMI », souligne Bassem Ennaifar, analyste auprès du cabinet de conseil financier Alpha Mena, pour Jeune Afrique.
Du fait des élections présidentielles et législatives prévues en fin d’année – qui ont été encore avancées après le décès du président de la République, le 25 juillet -, les législateurs se devaient de sécuriser le financement de l’État avant la vacance parlementaire de l’été et le début de la campagne électorale.
A noter que le déficit commercial continue de se creuser : +12,2 % entre les sept premiers mois de l’année 2018 et la même période en 2019, ce qui devrait influer négativement à terme sur les réserves de devises. Ainsi pour Marouane El Abassi, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, les déséquilibres macroéconomiques continuent d’être « préoccupants ».