Quelque 60 000 personnes se sont réunies dimanche dans le plus grand stade de Bamako pour “prier pour le Mali et interpeller le gouvernement”, à l’appel de deux des plus influents dirigeants religieux musulmans critiques du gouvernement.
Dès le début de la matinée, le stade du 26-mars, d’une capacité de 60 000 places, a été pris d’assaut par la foule. Séparées des hommes, de nombreuses femmes voilées étaient assises dans les tribunes, selon le journaliste de l’AFP.
Figure influente
« C’est un meeting d’interpellation du gouvernement et un meeting de prière pour mon pays », a déclaré à l’AFP peu avant le début du rassemblement le président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), l’imam Mahmoud Dicko, co-parrain de la manifestation avec le chérif de Nioro, Boyé Haïdara, un dirigeant religieux musulman très respecté et très influent. « Le problème de notre pays, c’est un problème de gouvernance. Ce meeting est aussi l’occasion de le souligner. Il faut aussi que les uns et autres se parlent », a-t-il ajouté.
Figure influente depuis une dizaine d’années, impliqué dans des efforts de médiation pour résoudre la crise née lorsque le nord du pays était tombé aux mains des jihadistes en 2012, l’imam Dicko est revenu sur le devant de la scène en décembre 2018. Il avait alors pris la tête de la mobilisation contre un projet de manuel scolaire d’éducation sexuelle, conçu avec l’appui financier des Pays-Bas, prônant une approche tolérante de la question de l’homosexualité, taboue au Mali.
Dénonçant « un texte qui veut enseigner l’homosexualité aux enfants à l’école », les opposants avaient obtenu l’abandon du projet.
Pour son meeting de dimanche, l’imam Dicko s’est offert le luxe de refuser l’aide financière de 50 millions de francs CFA (environ 75 000 euros) proposée par le gouvernement, qui aurait selon lui « vidé de sa substance » le rassemblement, ses proches dénonçant une « tentative de récupération ». « Notre guide, notre leader, c’est Mahmoud Dicko », a affirmé Moussa Dicko, un chauffeur de minibus de 21 ans, expliquant avoir pris un jour de congé pour se rendre au stade.