En pleine turbulences internationales, Alger vient de formuler officiellement sa demande d’adhésion au groupe des pays qualifiés d’émergents.
Une carte de visite nationale profite souvent d’appartenances plus ou moins prestigieuses, inattendues ou anecdotiques à des clubs restreints qui dépassent l’horizon géographique de son propre continent. Inattendues furent, en juin dernier, les admissions des francophones Togo et Gabon au Commonwealth. Prestigieuse serait l’admission du Nigeria comme membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, revendiquée une fois encore en ce mois de novembre par le directeur de cabinet du président Buhari…
Au même moment, c’est du côté d’un autre groupe que lorgne l’Algérie. Ce 7 novembre, la chargée des partenariats internationaux au ministère algérien des Affaires étrangères, Leila Zerrouki, a officiellement demandé l’adhésion de son pays aux Brics. Comme l’indique cet acronyme, le groupe réunit actuellement trois pays communément admis comme émergents – le Brésil, l’Inde et la Chine –, une nation considérée comme « puissance en voie de restauration » – la Russie – et l’Afrique du Sud généralement qualifiée de « puissance régionale » d’un continent appelé à être déterminant, notamment sur les plans démographique et économique.
Contexte propice
Alors que ce quintet pourrait représenter 40 % du PIB mondial en 2025, selon certaines projections, il entend s’organiser pour peser davantage dans les décisions d’organisations comme le G20 ou l’OMC. Et l’Algérie a de bonnes raisons de penser que le contexte est propice à un élargissement en sa faveur.
Primo : le concept de Brics n’a jamais été figé, puisqu’on évoque parfois les Bricsam en adjoignant, de façon informelle, le Mexique à la structure initiale. Au dernier sommet de l’organisation, en juin 2022, le principe de l’adhésion de nouveaux pays avait d’ailleurs été acté. Secundo : le président Tebboune n’ignore pas que la guerre en Ukraine inspire à la Chine et à la Russie la construction d’un front opposé à la présumée hégémonie occidentale.
Tertio : même si l’Iran ou l’Arabie saoudite lorgnent dans la même direction, l’Algérie considère comme optimales ses relations avec les différents membres du groupe. Pékin et Moscou ont d’ores et déjà déclaré qu’ils appuyaient la candidature algérienne. Sur les plans économique et diplomatique, l’Afrique du Sud est le principal allié continental d’Alger. En ce qui concerne le Brésil, le président Lula, revenu aux affaires, devrait être plus afrophile que son prédécesseur.
Le temps des adhésions n’étant pas celui des pulsions diplomatiques, l’Algérie sait qu’elle devra se montrer patiente, les élargissements hâtifs de ce genre d’équipages étant souvent à l’origine de turbulences pour les navires…