Londres justifie cette décision par le partenariat « contreproductif » entre la junte au pouvoir à Bamako et le groupe paramilitaire russe Wagner.
Le Royaume-Uni a annoncé, lundi 14 novembre, le retrait anticipé de ses militaires actuellement déployés au Mali, mettant notamment en avant le recours de la junte au groupe paramilitaire russe Wagner. « Le contingent du Royaume-Uni quittera [la mission de la paix de l’ONU] plus tôt que prévu », a indiqué le secrétaire d’Etat aux forces armées, James Heappey, devant la Chambre des communes. « Nous devons être clairs sur le fait que la responsabilité de tout cela incombe à Bamako », a-t-il ajouté, évoquant le rapprochement de la junte au pouvoir depuis 2020 avec le groupe paramilitaire Wagner, réputé proche du régime de Moscou.
« Le partenariat du gouvernement malien avec le groupe Wagner est contreproductif pour la stabilité et la sécurité à long terme dans la région. » Le gouvernement britannique « ne peut pas déployer l’armée nationale pour assurer la sécurité quand le gouvernement du pays hôte n’a pas la volonté de travailler avec nous pour apporter une stabilité et une sécurité durables », a insisté M. Heappey.
Près de 300 soldats britanniques sont présents au Mali depuis fin 2020 dans le cadre du déploiement de la Minusma, la mission de l’ONU lancée en 2013 afin de stabiliser la situation sécuritaire dans un pays en proie aux attaques djihadistes. L’engagement devait en principe durer trois ans, mais face à la montée de l’instabilité, Londres a décidé d’anticiper le retrait de ses troupes, qui devraient quitter le pays dans les six prochains mois, selon le ministère de la défense.
Relations tendues
La France, principal pays intervenant militairement au Mali – notamment via les soldats de la force « Barkhane » –, ainsi que ses partenaires européens avaient annoncé en février leur retrait du pays. Les derniers militaires français ont quitté le Mali cet été, après près d’une décennie d’intervention. Les relations entre les autorités maliennes – dominées depuis août 2020 par les militaires – et ses partenaires, notamment l’ONU, se sont tendues ces derniers mois. Après avoir poussé vers la sortie l’ancien allié français, la junte au pouvoir s’en est prise plusieurs fois oralement à la Minusma, dont le mandat a été renouvelé en juin pour un an.
Le retrait des troupes britanniques du Mali ne signifie pas que le Royaume-Uni se détourne complètement de ses engagements dans la région, a précisé le secrétaire d’Etat aux forces armées. « Nous travaillons étroitement avec nos alliés pour étudier les options afin de rééquilibrer notre déploiement aux côtés de la France, de l’Union européenne et d’autres alliés partageant nos valeurs, a affirmé M. Heappey. Le Royaume-Uni poursuivra son engagement au Mali et au Sahel à travers notre aide humanitaire, de stabilisation et de développement, en travaillant en étroite coopération avec nos partenaires. »