RDC: les rebelles du M23 gagnent du terrain, réunion d’urgence à Kinshasa

RDC: les rebelles du M23 gagnent du terrain, réunion d’urgence à Kinshasa

La rébellion du M23 a gagné du terrain samedi dans l’est de la République démocratique du Congo, conduisant la Mission de l’ONU à augmenter le niveau d’alerte de ses troupes pour soutenir l’armée congolaise. La présidence tient à Kinshasa une réunion d’urgence sur la sécurité nationale.

Des habitants et responsables locaux interrogés au téléphone par l’AFP ont indiqué que les rebelles avaient pris le contrôle des localités de Kiwanja et Rutshuru-centre, situées sur la route nationale 2, axe stratégique reliant Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, aux villes du nord et à l’Ouganda.

Quatre Casques bleus ont été blessés dans les combats de Kiwanja: deux par un tir de mortier et deux autres par des armes légères, a indiqué dans un communiqué la Mission de l’ONU en RDC (Monusco).

Rutshuru-centre se situe à environ 70 km de Goma. Des rebelles du M23 sont également signalés à Rugari, à quelque 30 km de Goma, également sur la RN2. Entre les deux se trouvent, à Rumangabo, une grande base de l’armée congolaise et le quartier général du parc national des Virunga.

“Kiwanja et Rutshuru-centre sont entre les mains du M23. Les rebelles ont tenu deux meetings, ils ont dit à la population de vaquer à ses occupations et que les déplacés regagnent leurs villages, en affirmant que la sécurité était désormais garantie”, a précisé Jacques Niyonzima, un représentant de la société civile, présent à Kiwanja.

A Kiwanja, “dans notre quartier nous avons enregistré trois morts, un homme et une femme et son enfant, tués par des obus tombés sur les maisons”, a indiqué un habitant, Eric Muhindo.

Un responsable de l’hôpital général de Rutshuru a de son côté fait état de “quelques blessés à Kiwanja suite à une petite résistance”. Mais “le calme est revenu. Les gens commencent à circuler et à ouvrir les boutiques”, a-t-il ajouté, sous couvert d’anonymat.

Dans l’après-midi, la présidence congolaise a annoncé que le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, présidait à Kinshasa “une réunion sur la sécurité nationale en rapport avec l’évolution de la situation sécuritaire à l’Est du pays”.

  • “Appui aérien” –

Le M23, pour “Mouvement du 23 mars”, est une ancienne rébellion tutsi qui a repris les armes en fin d’année dernière, en reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des accords sur la réinsertion de ses combattants.

En juin, il s’est emparé de la cité de Bunagana, à la frontière ougandaise et, après plusieurs semaines d’accalmie, progresse depuis le 20 octobre à l’intérieur du territoire de Rutshuru, où les combats ont provoqué le déplacement de dizaines de milliers de personnes.

Dans un série de tweets, la Monusco dit “condamner fermement les actions hostiles du M23 et leurs répercussions graves sur les populations civiles”. Elle précise avoir “élevé le niveau d’alerte de ses troupes, déployées pour soutenir les FARDC (forces armées de RDC) dans leurs opérations contre le M23. Elle fournit un appui aérien, du renseignement et de l’équipement”.

La force de l’ONU ajoute qu’elle “apporte aussi une assistance médicale aux soldats blessés et effectue des vols de surveillance et de reconnaissance au profit des FARDC”.

Les Casques bleus “sont mobilisés en soutien” aux FARDC, assure la Monusco, que beaucoup de Congolais accusent d’inefficacité face aux groupes armés qui terrorisent l’est du pays depuis près de 30 ans. Les Casques bleus sont déployés en RDC depuis fin 1999.

En novembre-décembre 2012, le M23 avait occupé Goma pendant une dizaine de jours, avant d’être vaincu l’année suivante par les forces armées congolaises et les Casques bleus, après 18 mois de guérilla.

Sa résurgence a provoqué un regain de tension entre la RDC et le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutien actif à cette rébellion.

Un rapport non-publié de l’ONU consulté en août par l’AFP pointait une implication du Rwanda auprès du M23 et, cette semaine, un ambassadeur américain aux Nations unies a clairement évoqué “l’aide apportée par les Forces de défense rwandaises au M23”.

Le Rwanda dément et accuse en retour la RDC – qui nie elle aussi – de collusion avec les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), un mouvement de rebelles hutu rwandais, dont certains impliqués dans le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda.

Plusieurs initiatives diplomatiques ont été lancées pour tenter de surmonter la crise, sans succès jusqu’à présent.