Au pouvoir depuis vingt-deux ans, le chef de l’État rwandais, qui n’exclut pas d’être candidat à la présidentielle de 2024, reste fidèle à ses méthodes de gouvernance. S’il dépersonnalise les différentes sphères du pouvoir, il n’en trie pas moins ses proches collaborateurs sur le volet.
« Pour Paul Kagame, la priorité est de créer des institutions qui fonctionnent. » Si notre interlocuteur ne le précise pas, il le laisse entendre : pour le président rwandais, les individus sont interchangeables, seules comptent les performances assignées aux piliers institutionnels de l’édifice national et la fidélité de celles et ceux qui les incarnent aux préceptes impulsés par « le boss ».
Au Rwanda, dans les cercles politiques, militaires ou économiques, l’incarnation n’a pas cours. Chercher à mettre en avant une personnalité relève du blasphème car l’effort est collectif, et les succès aussi. Seule la faute est individuelle, ce qui a valu à divers responsables, au cours des années de gouvernance Kagame, mises au placard ou poursuites judiciaires. Tel un CEO à la tête de Rwanda Inc. (titre d’un ouvrage comparant le régime rwandais à une multinationale à l’américaine), le président accorde toutefois un soin scrupuleux au choix de ses collaborateurs.