Arrivé au pouvoir il y a tout juste quarante ans, le président a fait de son palais une tour de contrôle. Il y jongle avec les collaborateurs et les ambitions, et veille à ce que nul ne puisse se croire tout-puissant.
« GAME OF THRONES » À ETOUDI (1/3). Au troisième étage du palais, à Yaoundé, un conseiller en uniforme franchit discrètement la porte du saint des saints. Le contre-amiral Joseph Fouda est l’un des rares que la Direction de la sécurité présidentielle (la célèbre DSP, dirigée par le général Ivo Desancio Yenwo) laisse circuler ici sans fouille préalable. Négligemment coincé sous son bras, un dossier, qui contient une série de notes destinées à Paul Biya. Le chef de l’État les a commandées la veille. Toutes sont courtes. Ses collaborateurs savent que le patron n’aime guère lire des analyses trop longues. Il apprécie les documents d’une page, compréhensibles en un coup d’œil. Certains en ont d’ailleurs fait leur spécialité, comme Jean-Claude Ayem, véritable ministre bis de l’Économie, installé depuis le milieu des années 2000 dans le bâtiment réservé au secrétariat général de la présidence.
Journées plus courtes
Le temps de Paul Biya est précieux, d’autant qu’il passe depuis quelques années moins d’heures qu’auparavant dans son bureau du troisième étage. À bientôt 90 ans – il les aura en février 2023 – et après quatre décennies au pouvoir, le chef de l’État a adapté son emploi de temps. Il se rend encore quotidiennement au Palais, où il reçoit dans la pièce qui jouxte son cabinet de travail. Le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, est là tous les vendredis après-midi. Les ministres les plus influents viennent une fois par mois environ. Mais les journées de Biya sont plus courtes.