Secoués par des manifestations d’une intensité inédite au mois de juillet, les Casques bleus se savent poussés vers la sortie. Dans la région, où une partie de la population réclame leur départ anticipé, le point de non-retour pourrait bien avoir été atteint.
Le 4×4 blanc ou la voiture banalisée ? L’horloge affiche 19 h dans l’un des principaux sites de la Monusco à Goma, et deux employés de la mission onusienne débattent. La route jusqu’au domicile de l’un d’eux n’est pas longue, une quinzaine de minutes à peine, mais il faut malgré tout traverser le centre-ville. Alors chacun argumente : la Jeep sera plus efficace pour faire le chemin. Problème : son sigle UN la rend bien moins discrète que le break garé un peu plus loin sur le parking. La nuit vient de tomber sur le lac Kivu et les deux membres de la mission opte finalement pour le 4×4. « Depuis quelques semaines, nous faisons un peu plus attention à ne pas trop nous montrer », justifie le conducteur, employé depuis de nombreuses années à Goma.
Confrontés à une vague de manifestations d’une ampleur inédite au mois de juillet, les agents civils et militaires de la Monusco s’adaptent progressivement à un nouveau contexte. À Goma, où la mission compte plusieurs bases, les membres du personnel ont reçu pour consigne de se montrer prudent. Un briefing hebdomadaire leur est fourni. Les agents civils privilégient désormais les véhicules banalisés et les militaires présents dans la ville limitent les mouvements non essentiels en dehors de leurs bases. Il arrive encore de croiser certains contingents uruguayens, sénégalais ou bangladais, à bord de pick-up à l’arrière desquels sont parfois disposées des mitrailleuses. Mais ces convois défilent dorénavant dans les artères de Goma sous les regards méfiants de certains passants, qui n’hésitent pas, par de grands gestes, à signifier leur mécontentement. « Il y a clairement un avant et un après les manifestations », confirme l’agent de la Monusco précédemment cité.