Le lancement d’appels d’offres pour l’exploitation de blocs pétroliers et gaziers sur le territoire congolais suscite les critiques des ONG. Félix Tshisekedi se veut au contraire rassurant
Dans les rues de Kinshasa, l’augmentation des prix du carburant provoque des files d’attente gigantesques devant les « Kadhafi », ces petits vendeurs du marché « parallèle » qui n’hésitent pas à donner dans la spéculation pour gonfler leurs profits. Si l’inflation conjoncturelle est une conséquence indirecte, une de plus, de la guerre que mène la Russie de Vladimir Poutine en Ukraine, les autorités congolaises espèrent désormais miser sur cette manne pétrolière si rare, et donc si rentable.
Le 28 juillet dernier, lors d’une cérémonie présidée par Félix Tshisekedi, à laquelle participait notamment le Premier ministre Sama Lukonde Kyenge, des appels d’offres ont été lancés pour 27 blocs pétroliers et 3 blocs gaziers répartis sur l’ensemble du territoire. Didier Budimbu, le ministre congolais des Hydrocarbures, affirme que les perspectives sont très bonnes, la RDC disposant d’un potentiel de « 22 milliards de barils sur l’ensemble des bassins segmentaires et 66 milliards de normo-mètres cube de gaz dissous dans les eaux du lac Kivu ».
« Catastrophe » ou « gagnant-gagnant » ?
Moins d’une semaine plus tard, l’ONG Greenpeace est montée au créneau. « Cette vente aux enchères massive − à laquelle les communautés locales s’opposent farouchement − chevauche des tourbières et plusieurs zones protégées », dénonce-t-elle dans un courrier adressé aux compagnies pétrolières. L’organisation s’inquiète notamment des conséquences « catastrophiques » que feraient selon elle courir l’exploitation pétrolière dans des régions qui, pour certaines, sont situées en plein parcs nationaux.
Des critiques auxquelles Félix Tshisekedi avait tenté de répondre, dès le 28 juillet, en assurant que les cessions de droits d’exploitation des blocs se feraient « dans un partenariat gagnant-gagnant qui respecte les normes environnementales et les intérêts des communautés locales », en affirmant sa « détermination à mener des travaux d’exploitation et d’exploration à l’aide des moyens technologiques les plus modernes qui protègent l’environnement, la faune et la flore et préservent les écosystèmes ainsi que les équilibres écologiques ». Et le chef de l’État congolais d’assurer par ailleurs que son objectif reste de « sortir la RDC du tout minier ».