Le contrôle judiciaire, auquel l’ancien président était soumis depuis juin 2021, a été levé dans la soirée du 7 septembre. Explications.
À Nouakchott, les policiers, dont le départ était attendu dès le 6 septembre à partir de minuit, ont finalement passé une journée de plus stationnés autour de la résidence de Mohamed Ould Abdelaziz. Ce n’est que le lendemain, toujours à minuit, qu’ils ont plié bagage : l’ancien président est donc libre. Le contrôle judiciaire très strict (il ne pouvait sortir sous aucun prétexte et ses visites étaient filtrées) auquel il était soumis depuis son arrestation, le 22 juin 2021, a donc été levé. Le juge d’instruction le lui a signifié par ordonnance dans la soirée.
Passeports restitués
Il peut désormais également disposer de sa maison à Bénichab, dans l’Inchiri, dont les clés vont lui être rendues. Celle-ci avait été saisie par la justice, comme l’ensemble de ses biens, dont la liste n’a toujours pas été communiquée à sa défense. Informé de l’état de délabrement de sa propriété, où il passait tous ses week-end, Mohamed Ould Abdelaziz avait réclamé il y a plusieurs mois un accès à un employé pour en assurer la maintenance. Une requête rejetée.
Mohamed Ould Abdelaziz devrait pouvoir voyager. Ses deux passeports, l’un ordinaire et l’autre diplomatique, doivent lui être restitués ce 8 septembre par la police. Pour le moment, aucune condition n’a été posée à un départ potentiel. « Les autorités le connaissent, dit l’un de ses conseils, Me Mohameden Ould Ichidou. S’il dit qu’il rentre, il rentrera ». Selon nos informations, les puces des passeports biométriques de ses cinq enfants et petits-enfants ont été désactivées ces derniers semaines. Ses avocats ont déposé des recours contre cette dernière mesure et la procédure suit son cours.
Séjour en France ?
L’ancien président souhaite se rendre en France, à l’hôpital de Percy-Clamart, afin d’y passer un contrôle médical. Il a en effet subi, il y a plusieurs mois, un cathétérisme cardiaque, après avoir été pris de malaise et de saignements lorsqu’il était en détention préventive à l’École de police de Nouakchott. La question de son évacuation sanitaire s’était alors posée, mais les trois spécialistes qui le suivent au Centre de cardiologie de la capitale avaient estimé, dans leur rapport médical établi à la suite d’une période d’observation, qu’il pouvait être soigné localement. Depuis qu’il a été victime d’un accident par arme à feu, en 2012, il souffre également d’une hernie qu’il doit faire opérer.
Une question, cruciale, demeure : un procès aura-t-il lieu ? Aucune date n’a encore été communiquée. De nombreux chefs d’accusation, très lourds, continuent de peser sur l’ancien président. Il est en effet poursuivi pour, entre autres, corruption, blanchiment d’argent, enrichissement illicite, dilapidation de biens publics et octroi d’avantages indus.
En juin, sa défense a déposé un recours contre son renvoi devant la justice. Le dossier se trouve toujours au niveau de la Chambre d’instruction de la Cour d’appel, qui n’a pas encore statué. « Eu égard à la gravité des faits, il est inimaginable de penser qu’il ne puisse y avoir un procès » assure Me Brahim Ould Ebety, bâtonnier et chef du pôle des avocats de l’État. « J’en doute fortement car cela ne jouerait pas en faveur du pouvoir, répond Me Ichidou. Ce dossier est vide. »