Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a appelé mercredi 8 décembre à une « relation apaisée » entre la France et l’Algérie où il a effectué une visite destinée à désamorcer une crise bilatérale d’une rare gravité.
« Je souhaite que nos deux pays reprennent ensemble la voie d’une relation apaisée et puissent regarder vers l’avenir », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères à la presse après avoir rencontré le président Abdelmadjid Tebboune pendant une heure et demi.
« Nous souhaitons que le dialogue que nous relançons aujourd’hui puisse conduire à une reprise des échanges politiques entre nos deux gouvernements en 2022, au-delà des blessures du passé que nous devons regarder en face au-delà des malentendus qu’il nous revient de dépasser », a-t-il ajouté.
Il a aussi affirmé que l’Algérie était « un partenaire essentiel pour la France sur le plan bilatéral, mais également sur le plan régional ». « La France et l’Algérie font face ensemble à des défis majeurs dans un environnement régional et international incertain. Nous devons être en mesure de proposer des réponses opérationnelles aux défis que représentent le terrorisme dans la région sahélienne, mais aussi l’émigration clandestine ainsi qu’aux enjeux de développement économique », a-t-il dit.
« Sur tous ces sujets et parce que nos intérêts sont communs, notre concertation est primordiale et c’était le sens de ma présence aujourd’hui à Alger », a poursuivi le ministre français. Les autorités algériennes n’ont fait aucun commentaire sur la teneur des entretiens avec Jean-Yves Le Drian, qui a également eu plusieurs longs entretiens avec son homologue algérien Ramtane Lamamra. « Certains en tête à tête », explique l’un de ses conseillers, « car il fallait rétablir une confiance personnelle. » Cette source diplomatique évoque une « visite de travail » ayant permis de « remettre à plat tout ce qui n’allait pas. »
Depuis plus d’un an et demi, Paris se plaint d’un manque de coopération de la part d’Alger pour l’éloignement de ses ressortissants en situation irrégulière sur le sol français. « C’est un sujet sensible, confie cette même source diplomatique, la visite a permis de relancer le travail, on ne peut pas préjuger du résultat. »
Depuis deux mois et demi, les avions militaires français n’ont plus le droit de survoler le territoire algérien. Début novembre, le président Tebboune avait annoncé une exception humanitaire, pour évacuer les soldats français blessés au Sahel. La visite de Jean-Yves le Drian a été l’occasion de formaliser ce dispositif. Quant à la reprise de l’ensemble des survols militaires, « on était au point mort sur le sujet, le travail est relancé », explique encore cette source du Quai d’Orsay, qui précise : « il n’y a pas de calendrier, pour le moment c’est un objectif. »
Si le diplomate estime que cette visite a permis de relancer le dialogue, il ne se voile pas non plus la face : « on est au début d’un processus qui sera assez long. »
Brouille diplomatique
Car deux mois après la brouille diplomatique provoquée par les propos du président Macron sur la « rente mémorielle » du « système politico-militaire algérien » et qui s’était traduite par le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Paris et par la fermeture de l’espace algérien aux avions français, cette visite du chef de la diplomatie française est une étape de plus vers la normalisation des relations franco-algériennes
« Ce déplacement a pour double objectif de renouer une relation de confiance entre nos deux pays. Une relation marquée par le respect de la souveraineté de chacun. Mais aussi de regarder vers l’avenir pour travailler à la relance et à l’approfondissement de notre partenariat qui est indispensable », a encore dit Jean-Yves Le Drian à l’issue des entretiens.
La visite du ministre français des Affaires étrangères s’inscrit dans un contexte plus positif et propice à une relance entre les deux pays. Le président algérien a été invité personnellement par le président Macron pour assister au Forum de la paix et son ministre des Affaires étrangères qui a été dépêché à Paris. Un indicateur plutôt positif de la part d’Alger. Je pense qu’on va assister progressivement à un retour à la normale.