RÉACTIONS. Après des mois de tensions, l’Algérie a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc. Dans le monde arabe, les réactions sont prudentes.
Au lendemain de l’annonce de l’Algérie de rompre les relations avec le Maroc, les réactions diplomatiques ne se sont pas fait attendre. D’abord à Rabat, qui prend acte de la décision, mais qui la juge « complètement injustifiée ». Le ministère marocain des Affaires étrangères a condamné une « logique d’escalade » rejetant « les prétextes fallacieux, voire absurdes, qui la sous-tendent ». « Le royaume du Maroc restera un partenaire crédible et loyal pour le peuple algérien et continuera d’agir, avec sagesse et responsabilité, pour le développement de relations inter/maghrébines saines et fructueuses », ajoute le communiqué.
Le monde arabe appelle au calme
D’autres voix se sont élevées, comme l’Organisation de la coopération islamique (OCI), la Ligue arabe, l’Arabie saoudite et la Libye qui ont appelé mercredi l’Algérie et le Maroc au « dialogue » et à la « retenue » au moment où les deux pays voisins traversent une crise diplomatique.
Après des mois de tensions croissantes, l’Algérie a annoncé mardi la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc, invoquant des « actes hostiles incessants perpétrés par le Maroc contre l’Algérie ». Basée à Djeddah, l’OCI a appelé les deux pays au « dialogue pour résoudre les divergences éventuelles », selon un communiqué. Le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit a, de son côté, exhorté Alger et Rabat « à faire preuve de retenue et éviter une nouvelle escalade ».
Commentant la dégradation des relations entre les deux poids lourds du Maghreb, l’Arabie saoudite, puissance régionale, a elle aussi adopté un ton conciliant. « Le royaume […] appelle les deux pays à prioriser le dialogue et la diplomatie pour ouvrir un nouveau chapitre dans les relations […] afin de garantir la sécurité et la stabilité », a dit mercredi le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un bref communiqué.
L’Union du Maghreb arabe au milieu du gué
Mercredi soir, la Libye a déploré la crise, appelant Alger et Rabat « à la retenue » et « à éviter l’escalade ». Dans un communiqué publié sur Facebook, Tripoli a invité les deux pays à « s’accrocher aux principes et aux objectifs communs qui ont mené à la création de l’Union du Maghreb arabe (UMA) ».
La Libye a par ailleurs appelé les membres de l’UMA, une instance régionale lancée en 1989 et qui regroupe l’Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie, à se réunir en marge d’une rencontre des ministres des Affaires étrangères des États membres de la Ligue arabe, prévue entre le 7 et 9 septembre. Signe que la crise ne date pas d’aujourd’hui, le dernier conseil des ministres de l’organisation s’est tenu à Tunis en mai 2016. C’est une des régions les moins intégrées au monde. Difficile de bâtir un marché économique régional lorsque deux nations aussi importantes continuent d’avoir des rapports aussi tendus.
Les relations entre l’Algérie et le Maroc sont traditionnellement difficiles, en raison principalement de l’épineux dossier du Sahara occidental. Les tensions se sont accentuées l’année dernière quand l’ancien président américain Donald Trump a décidé de reconnaître la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental, en contrepartie d’une normalisation des relations du Maroc avec Israël. Mardi, le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra a accusé le Maroc d’avoir « introduit une puissance militaire étrangère dans le champ maghrébin ».
Au-delà du monde arabe, la rupture entre Alger et Rabat pourrait également avoir des répercussions dans les instances africaines, comme au sein de l’Union africaine.