Campagne anticorruption en RDC: pourquoi des officiers de l’armée sont mis aux arrêts?

Campagne anticorruption en RDC: pourquoi des officiers de l’armée sont mis aux arrêts?

Lors de son séjour, au mois de juin dernier, à Goma, à Béni dans la province du Nord-Kivu ainsi qu’à Bunia dans la province l’Ituri, dans la partie Est de la République Démocratique du Congo, en proie aux violences depuis des décennies, le président Félix Tshisekedi avait dénoncé des pratiques qu’il avait qualifiées de « mafieuses » et de « magouille » qui se font au sein des forces armées congolaises ainsi que dans les institutions du pays.
L’élément déclencheur

« Il y a un problème d’effectifs dans notre armée, on s’en rend compte. En fait, il y a beaucoup de magouilles qui minent nos forces de sécurité. Il s’est développé en même temps que la mafia, la même mafia dans l’armée ainsi que dans nos institutions. Il n’y a pas que l’armée et la police. On l’a vu, regardez, au Sénat récemment. C’est toute cette loi de l’omerta, la loi du silence. On tue en silence, on magouille en silence. C’est à ça qu’il faut s’attaquer », avait déclaré le président Félix Tshisekedi à Bunia, capitale de l’Ituri, lors d’un échange avec les membres de la société civile de la province en juin.

C’est à l’issue de ces propos qu’au mois de juillet dernier, L’Inspecteur général des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), Gabriel Amisi, accompagné de son groupe d’inspecteurs, ont débuté une série de contrôles des fond alloués à l’armée.

Pour le Major GERRY GBELO, porte-parole de l’inspectorat général de l’armée, l’objet de la mission est de contrôler l’utilisation des différentes ressources que le gouvernement congolais met à la disposition de l’armée afin d’exécuter sa mission régalienne.

Bien plus, veiller à l’application des textes de lois qui régissent l’armée. Également, Contrôler la gestion rationnelle des fonds alloués aux opérations militaires et mis à la disposition de l’armée.
Des officiers arrêtés

Les inspecteurs ont travaillé à Bunia dans province de l’Ituri, à Goma et à Beni où le gouverneur militaire du Nord-Kivu a installé momentanément son quartier général depuis quelques semaines.

Ils ont contrôlé les achats faits par les agents commis à ces taches, vérifié plusieurs documents comptables ainsi que la logistique dans son ensemble.

Ce qui a conduit à l’arrestations de plusieurs officiers et officiers supérieurs de l’armée. A Bunia, 11 officiers ont été arrêtés pour détournement desdits fonds.

A Beni, 6 militaires dont cinq officiers supérieurs et un sous-officier de troisième classe qui seraient impliqués dans un détournement avéré des fonds. Et A Goma 9 officiers ont été arrêtés pour les mêmes raisons.

Dans une interview accordée à BBC Afrique, le porte-parole de l’inspectorat général a affirmé que ce contrôle ne concerne pas seulement les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri mais il va également s’étendre dans toutes les provinces et les régions militaires du pays.
A quoi étaient destinés les fonds ?

Selon les sources militaires, ces contrôles ont révélé plusieurs dérapages dans la gestion des fonds affectés aux opérations militaires.

Selon le porte-parole de l’inspection générale des FARDC, les militaires arrêtés sont accusés d’avoir détourné les fonds destinés aux troupes déployées dans l’est de la RDC dans le cadre de la lutte contre les groupes armés.

Ils sont actuellement mis à la disposition de la justice pour des enquêtes et un éventuel procès.
L’état de siège dans l’Ituri et le Nord-Kivu

Pour mettre fin aux violences et aux guerres dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri respectivement dans l’est et sud-est de la République Démocratique du Congo, le président Felix Tshisekedi a décrété un état de siège dans cette partie du pays.

Depuis le 6 mai, ces deux provinces sont passées sous administration militaire pour une durée de trente jours, renouvelée déjà 5 fois par les deux chambres du parlement. Leurs gouverneurs et vice-gouverneurs ont été remplacés par des gouverneurs militaires et vice-gouverneurs issus de la police.

A ce jour, le bilan des actions des gouvernements militaires divise l’opinion. Certaines disent déjà en ressentir les résultats, d’autres en attendent plus.

En début de semaine, le caucus des députés du Nord-Kivu et de l’ituri avaient conditionné la prorogation de l’état de siège à l’évaluation des actions militaires sur terrain.

Pour eux, malgré l’état de siège dans les deux provinces, les violences ne cessent de se perpétrer, et avaient exigé des sanctions exemplaires aux officiers accusés de détournements des fonds alloués aux opérations militaires sur le terrain.

A en croire les porte-paroles de l’armée dans deux provinces, l’armée gagne de plus du terrain, plusieurs armes ont été récupérées et beaucoup de groupes armés se sont rendus et seront réinsérés dans la société grâce au programme de démobilisation et réinsertion mis en place par les autorités du pays.

“En quelques semaines d’état de siège, l’armée régulière a enregistré de nombreuses victoires sur les groupes armés à la base de l’insécurité dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. » avait affirmé Patrick Muyaya ministre de la Communication, dans une conférence de presse à Kinshasa.

Dans un entretien avec BBC Afrique, le gouverneur militaire de la province de l’Ituri Luboya Nkashama a promis de monter en puissance et fera ainsi le bilan de ses actions dans un mois.