Le ministre ivoirien de la Défense Téné Birahima Ouattara, nommé il y a un peu plus d’un mois, vient d’achever une tournée régionale qui l’a conduit à Ouagadougou et Bamako. La Côte d’Ivoire est aux prises avec le jihadisme depuis 2016 et elle a dû faire face à deux attaques en un an à Kafolo, près de la frontière burkinabè, qui ont fait près d’une vingtaine de morts au total. La Côte d’Ivoire surveille aussi sa frontière malienne avec anxiété. Le nouveau ministre est donc allé plaider dans ces deux capitales l’urgence de coopérer davantage.
Avec notre correspondant à Abidjan, Pierre Pinto
Il y a un an la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso menaient le long de leur frontière une opération conjointe anti-jihadiste baptisée «Comoé ». Le 11 juin 2020, les djihadistes venus du Burkina attaquaient une position ivoirienne à Kafolo, sur la frontière, tuant 14 militaires ivoiriens. Selon de nombreux spécialistes, ce fut une mesure de représailles à l’opération Comoe.
À Ouagadougou, le lundi 12 mai, Téné Birahima Ouattara a insisté sur la nécessité de mettre en commun les moyens de lutte antiterroriste et de partager le renseignement. Cela signifie-t-il que la coopération est difficile ? « Non » répond le chercheur Arthur Banga. « Mais il faut l’accélérer, l’intensifier, d’autant plus que la menace se précise en Côte d’Ivoire ».
« Comoe 2 » bientôt lancée ?
Le pays a en effet subi une nouvelle attaque jihadiste à Kafolo fin mars. Les états-majors se parlent tous les jours assure-t-on au ministère de la Défense. Le fait que l’expérience de l’opération Comoe n’ait pas été renouvelée serait due au calendrier politique intérieur des deux pays en 2020, où se sont déroulées des élections présidentielles. Par ailleurs, selon une source bien introduite, une opération « Comoe 2 » pourrait bientôt être lancée.
À Bamako aussi, il a été question de coopération en matière de renseignement notamment, et de la sécurisation des 500 kilomètres de frontières communes. Selon l’armée malienne, les ministres ont décidé « de procéder à des patrouilles conjointes ou simultanées au niveau de la frontière » et insisté sur « la tenue de rencontres périodiques entre les commandants des zones frontalières ».