Quatre Casques bleus tchadiens ont été tués vendredi au Mali dans une attaque jihadiste contre un camp de la Mission de l’ONU qui a été condamnée “dans les termes les plus forts” par le secrétaire général de l’ONU.
L’attaque, qui porte à dix le nombre des Casques bleus tués au Mali depuis le début de l’année, a frappé à l’aube le camp de la Minusma à Aguelhok, où se trouve un contingent de soldats tchadiens, à un peu moins de 200 kilomètres de la frontière algérienne.
Le chef de l’ONU, Antonio Guterres, “présente ses sincères condoléances au Gouvernement et au peuple tchadien et offre sa profonde sympathie aux familles et proches des victimes”, a indiqué son porte-parole, Stéphane Dujarric, dans un communiqué faisant état de la mort de “quatre Casques bleus du contingent tchadien” et de 19 blessés.
Il a salué “le courage et la bravoure des Casques bleus qui ont vigoureusement repoussé l?attaque”.
Une source onusienne a évoqué une attaque combinant notamment “des tirs de mortiers” et une tentative d’attentat suicide au moyen d’un véhicule “qui a été maîtrisée”.
“Une vingtaine d’assaillants ont été neutralisés” (tués) sur “une centaine” impliqués, a affirmé cette source sous le couvert de l’anonymat, précisant que “les combats ont duré trois heures”.
La Minusma a dénoncé une “ignoble attaque terroriste”, assurant que celle-ci “n’entamera en rien sa détermination”.
- Nombreuses pertes –
Cinq Casques bleus, dont quatre Ivoiriens, ont été tués en janvier au Mali par des engins explosifs improvisés, et un des 28 Togolais blessés en février dans une attaque contre leur camp a succombé à ses blessures.
La Minusma, déployée au Mali depuis 2013 (15.000 hommes et femmes, dont environ 12.000 militaires), est actuellement la mission de paix des Nations unies qui a subi le plus de pertes au monde, avec plus de 140 tués dans des actes hostiles, selon les statistiques de l’ONU.
Deux soldats maliens ont par ailleurs été tués et “une dizaine” blessés dans une attaque commise également vendredi matin par des jihadistes présumés à Diafarabé (centre), à 350 kilomètres au nord-est de Bamako, a indiqué l’armée dans un communiqué.
Un jeune homme de la localité, Youssouf Aya, a déclaré à l’AFP avoir vu “passer un cortège de motos avec des hommes armés” en direction du poste militaire, puis avoir “entendu des coups de feu”. Selon lui, les assaillants ont “occupé un moment” le poste militaire avant de repartir le long du fleuve Niger.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, une femme est décédée et un enfant a été légèrement blessé en marge d’une opération menée dans la région de Tessalit (nord-est) par les militaires de l’opération française Barkhane, au cours de laquelle un jihadiste présumé a été tué et deux autres capturés, a annoncé vendredi l’état-major français.
En visite jeudi à Bamako, la ministre française des Armées, Florence Parly, a de nouveau réfuté que la France ait commis la moindre bavure au Mali et a émis “de nombreuses réserves” sur une enquête des Nations unies selon laquelle une frappe aérienne de Barkhane aurait tué 19 civils réunis pour un mariage le 3 janvier à Bounti, dans le centre du pays.
Le Mali est en proie depuis 2012 à une poussée jihadiste partie du nord du pays, qui l’a plongé dans une crise sécuritaire et s’est étendue au centre du pays. Les violences se sont également propagées au Burkina Faso et au Niger voisins.
Les violences jihadistes, intercommunautaires ou autres ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, malgré l’intervention des forces de l’ONU, française et africaines.