Le 11 février restera comme une date marquant le retour du Mali à Kidal et attestant du rattachement de Kidal au Mali : la ville a hébergé la 43ème session du Comité de Suivi de l’Accord de Paix. A cette occasion, la cité a été ornée de quelques emblèmes de la République. Mais au-delà des symboles, de cette réunion exceptionnelle se sont dégagés des signes très forts du retour de l’Etat à Kidal et dans l’Adrar, ouvrant de vraies perspectives à une normalisation de la situation, tant sur le plan social et politique que sur le plan sécuritaire. Ce qui ne fait pas les affaires des réseaux terroristes et djihadistes.
Les travaux ont conduit à raviver la flamme de l’Accord de Paix et des décisions de haute importance ont été exprimées à l’issue. Nul doute que la région des Ifoghas s’apprête à entrer dans une nouvelle ère quant au processus de paix et de développement. C’est ce à quoi on peut s’attendre puisque la réunion a acté la capacité opérationnelle des premières unités de l’Armée qui sont déjà sur place. Elles pourront donc contribuer efficacement à reprendre du terrain sur les groupes armés terroristes puis à l’occuper durablement. En outre, le CSA a annoncé une nouvelle phase de DDR. Celle-ci permettra d’intégrer dans les corps de défense des éléments des mouvements armés signataires. Ces nouvelles unités constitueront un niveau de plus dans le dispositif de sécurisation de la zone. Et pour consolider le tout, c’est la Police Territoriale qui sera bientôt déployée elle-aussi. Voilà de quoi engager l’assaut final sur le dispositif terroriste déjà bien mis à mal par des frappes et opérations qui ont privé le JNIM de bon nombre de ses chefs.
Mais le CSA n’a pas fait que des annonces sécuritaires : nous savons tous que pour reprendre un ascendant décisif et définitif sur le terrorisme, il faut que les populations se sentent prises en compte par l’Etat. Et là encore, le processus est en cours : les administrations et services sociaux de base s’apprêtent à être redéployés dans la région de Kidal. On va enfin en finir avec un système terroriste qui a longtemps prétendu remplacer l’Etat auprès des populations, alors qu’il ne faisait que semer la terreur et la désolation parmi elles. Ceci est d’autant plus important que le JNIM a longtemps bénéficié de certaines complaisances, voire d’une certaine bienveillance, pour ne pas dire de complicités, au sein du système kidalois.
Enfin, on sait depuis longtemps que là où le développement s’installe, le terrorisme recule. Le CSA a annoncé le lancement du premier projet de développement durable et a souligné les avancées très notables de l’opérationnalisation du conseil constitutif inter-régional de la zone de développement des régions du Nord. De plus, bien d’autres mesures ont été communiquées, laissant présager d’une entrée très concrète dans le processus de normalisation de la situation dans l’Adrar comme dans tout le Nord.
En restaurant le continuum sécurité – administrations – développement, le bilan de ce CSA est de nature à accentuer encore la pression sur les groupes terroristes et à redonner de la confiance aux populations. Et alors que le moral des combattants enrôlés dans les mouvements djihadistes était déjà très entamé, certains parmi ces derniers avouent leur lassitude, leur démotivation et leur intention de renoncer. Peut-être réalisent-ils enfin que le terrorisme est en voie d’être submergé par une vague puissante qui engloutit ses projets mortifères et les remplace par des projets d’avenir. Il s’agit bien d’un retour en force de l’Etat régalien dans le Nord : ce dernier semble désormais en mesure de reprendre sa place et l’a montré à Kidal.