Barrage sur le Nil: échec des pourparlers, selon Khartoum

Le Soudan a annoncé dimanche ne pas pouvoir poursuivre les “négociations illimitées” avec l’Egypte et l’Ethiopie au sujet du barrage controversé construit sur le Nil par Addis Abeba, après l’échec des derniers pourparlers.

La semaine dernière, les trois pays concernés s’étaient mis d’accord pour tenir de nouvelles discussions dans l’espoir de parvenir à un accord sur la gestion et le remplissage du réservoir du Grand barrage de la Renaissance (Gerd).

Le projet lancé en 2011 est destiné à devenir la plus grande installation hydroélectrique d’Afrique.

Les derniers pourparlers, qui se sont tenus début novembre, s’étaient conclus sans avancée, les négociations étant dans l’impasse depuis plusieurs mois.

Le Caire, mais aussi Khartoum, en aval du fleuve, souhaitent un accord légalement contraignant, notamment sur la gestion du barrage et le remplissage du réservoir.

Addis Abeba, qui juge son barrage essentiel à son développement, y est réticente et soutient que l’approvisionnement en eau de ces pays ne sera pas affecté.

L’Ethiopie avait annoncé le 21 juillet avoir atteint son objectif de remplissage pour la première année.

Les nouveaux pourparlers, entamés la semaine dernière, “n’ont pas abouti à un accord acceptable pour reprendre le négociations sur le Gerd”, a rapporté l’agence d’Etat soudanaise Suna.

Selon Suna, le ministre soudanais de l’Irrigation, Yasser Abbas, a affirmé que son pays ne “peut pas continuer dans ce cercle vicieux de négociations illimitées, sachant que le Gerd pose une menace directe sur le barrage soudanais de Roseires”.

“Inquiétudes du Soudan”

Le ministère des Affaires étrangères éthiopien a acté dans un communiqué dimanche soir l’absence de progrès dans les négociations.

L’Union africaine, qui offre son aide dans ces discussions, “a proposé aux trois pays de tenir des rencontres bilatérales avec les experts désignés par l’UA qui devaient être suivies par une rencontre tripartie…”, indique Addis Abeba dans son communiqué.

“Tandis que l’Ethiopie et l’Egypte ont accepté cette proposition, le Soudan l’a refusée, entraînant la fin de la rencontre”, poursuit le gouvernement éthiopien qui assure avoir mis en place un mécanisme d’échange de données avec le Soudan pour “répondre aux inquiétudes du Soudan”.

Les relations entre l’Ethiopie et le Soudan se sont détériorées ces dernières semaines, des accrochages ayant été rapportés à la frontière commune en marge de l’opération militaire menée par Addis Abeba dans la région dissidente du Tigré (nord), frontalière du Soudan.

Le barrage suscite des tensions en particulier avec l’Egypte, pays de plus de 100 millions d’habitants qui dépend à 97% du Nil pour son approvisionnement en eau, et qui craint que celui-ci soit réduit par l’installation.

Le Soudan, qui a connu des inondations meurtrières l’été dernier, espère quant à lui que le barrage permettra d’aider à réguler le flux du fleuve mais a aussi mis en garde sur le fait que des millions de vies courraient “un grand risque”, si aucun accord n’était conclu.

Le Nil, qui coule sur quelque 6.000 kilomètres, est une source d’approvisionnement en eau et en électricité essentielle pour une dizaine de pays d’Afrique de l’Est.