L’armée française a annoncé mardi avoir frappé deux jours plus tôt des dizaines de jihadistes dans le centre du Mali. Des habitants et une association locale parlent, eux, de civils touchés par un appareil non identifié lors d’un mariage.
Une frappe française dans le centre du Mali au cœur d’une polémique. L’armée française a annoncé mardi 5 janvier avoir frappé deux jours plus tôt des dizaines de jihadistes tandis que des villageois et une association locale parlent de civils atteints par un appareil non identifié lors d’un mariage.
Selon l’état-major, l’armée française a “neutralisé” des dizaines de combattants jihadistes dimanche lors d’une frappe aérienne menée dans la région de Douentza, à 90 km à l’ouest d’Hombori, dans le centre du Mali. Ce raid a été “mené à la suite de renseignements recoupés et de l’observation de la posture des suspects qui ont permis de conclure à la présence effective d’un groupe armé terroriste”, a ajouté l’état-major français.
Mais les villageois assurent, eux, que plus de vingt personnes, dont des enfants, ont été tuées dimanche après une frappe aérienne pendant un mariage, a déclaré mardi une source médicale à Reuters.
Les messages ont proliféré sur les réseaux sociaux depuis dimanche à propos des événements survenus dans le village de Bounti, dans le centre du Mali, un des principaux foyers de violence de cette région plongée dans la tourmente.
Des jihadistes “neutralisés” selon l’armée française
L’état-major français a réfuté ces dires. Une patrouille d’avions de chasse a “neutralisé” des dizaines de jihadistes préalablement repérés après une opération de renseignement de plusieurs jours, a-t-il indiqué à l’AFP. “Les informations relatives à un mariage ne correspondent pas aux observations effectuées”, a-t-il dit.
Le silence observé jusqu’alors par les autorités civiles et militaires maliennes ainsi que les forces armées françaises a laissé le champ depuis dimanche à un flot de spéculations, très difficilement vérifiables dans une zone éloignée dont l’accès est rendu très compliqué par la présence réputée forte des jihadistes.
Les opérations offensives aériennes au Mali sont essentiellement le fait de l’armée malienne et de la force française Barkhane. Des villageois joints sur place ont rapporté une frappe d’hélicoptère en plein jour semant la panique dans une foule assemblée selon eux pour des noces.
“Surpris par l’intensité de la frappe”
Cela “a été le sauve-qui-peut. Je me suis retrouvé en brousse mais j’ai perdu deux frères”, a dit Ahmadou Ghana. En tout, 19 personnes ont été tuées et plusieurs autres gravement blessées, a-t-il ajouté.
“Nous avons été surpris par l’intensité de la frappe. L’hélicoptère volait très bas, au point qu’on croyait qu’il allait survoler le village”, a abondé Mady Dicko.
Dès dimanche, Tabital Pulakuu, une association pour la promotion de la culture des Peuls, une des ethnies maliennes, a fait état d’une “frappe aérienne (ayant) coûté la vie à une vingtaine de personnes civiles au moins” au cours d’un mariage.
“Il ne peut y avoir de doutes et d’ambiguité, il n’y avait pas de mariage. C’est une frappe menée après un processus particulièrement formel et multipartite sur un groupe armé terroriste pleinement identifié, après un recoupement d’informations, des attitudes, une posture, sur une zone caractérisée”, a dit à l’AFP une source militaire française proche du dossier.
La région de Mopti, où se trouve Bounti, à quelque 600 kilomètres de la capitale Bamako, est l’un des principaux foyers des violences parties du Nord en 2012 et qui se sont propagées depuis 2015 vers le sud du pays, mais aussi au Burkina Faso et au Niger voisins.