L’idée de réduire l’effectif de la force Barkhane au Sahel est désormais mise sur la table par les autorités françaises. Pourtant, si plusieurs éléments des groupes terroristes et djihadistes sont tués, y compris certains cadres, il est important que les effets de ces résultats restent moins visibles sur le terrain. Ce qui explique que l’idée d’une réduction d’effectif de la force française au Sahel serait considérée comme une résignation face aux forces obscurantistes. La France serait-elle dans la même dynamique au Sahel que les USA en Afghanistan ?
Au moment où la Force française Barkhane perd cinq de ses soldats au Mali, à l’intervalle d’une semaine, la ministre des Armées, Florence Parly indique que la France va poursuivre ses opérations anti jihadistes dans la région tout en ouvrant la possibilité de procéder à une réduction “très probablement” ses effectifs sur place.
Le lourd bilan de la semaine écoulée, avec au total cinq morts dans les rangs français, n’aura pas raison de l’opération Barkhane au Sahel. Mais ses effectifs, portés à 5.100 soldats en 2020 avec le renfort de 600 éléments, devraient bien être réduits.
“Nous serons très probablement amenés à ajuster ce dispositif : un renfort, par définition, c’est temporaire », a laissé entendre Florence Parly, la ministre des Armées, au «Parisien » de ce lundi. Une décision sera prise à l’occasion du prochain sommet conjoint de la France et des pays du G5 Sahel en février à N’Djamena, a-t- elle précisé.
Tout en rappelant que les forces tricolores étaient présentes dans la région “à la demande des Etats concernés”, la ministre a salué les succès militaires obtenus depuis un an, à la fois en neutralisant plusieurs hauts responsables de groupes terroristes et en attaquant leurs chaînes logistiques. Parmi eux, la mort en juin du leader d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), l’Algérien Abdelmalek Droukdel. Mais aussi la « neutralisation », en novembre, de Bah Ag Moussa, décrit comme le chef militaire du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda. On se rappelle, c’est ce groupe qui a revendiqué l’attaque contre trois militaires français le lundi 28 décembre dernier.
“Les terroristes utilisent l’arme des lâches“, a estimé également Florence Parly, évoquant les engins explosifs artisanaux, cachés sous le sable et qui se déclenchent « indifféremment » au passage de véhicules civils et militaires. « Si les djihadistes adoptent ces méthodes pernicieuses de guérilla, c’est qu’ils refusent le combat, conscients qu’ils n’auraient aucune chance s’ils devaient se confronter aux soldats de Barkhane dans un combat régulier », a-t-elle jugé. La protection des soldats français devrait, cependant, être renforcée, a indiqué la ministre, sans livrer de détails.
La stratégie française, elle aussi, sera amenée à évoluer. Des discussions sont envisageables avec « des gens qui ont déposé les armes et qui ne sont pas motivés par une idéologie radicale et criminelle », a fait savoir Florence Parly. Au contraire d’Al-Qaïda ou Daech, qui « ont un agenda international qui concerne directement notre sécurité, nous Français et Européens », a laissé entendre la Cheffe des Armées Françaises.
Sans nul doute, des inquiétudes pourraient se faire du côté des partenaires du G5 Sahel. Puisque jusque-là, malgré la neutralisation de quelques figures des groupes terroristes et djihadistes dans le Sahel, des menaces restent fortes. Cela s’illustre par la mort de cinq soldats français en une semaine d’intervalle mais aussi le massacre dans deux villages nigérians avec plus de 100 villageois tués, il y a seulement quelques jours.