Le Bureau du Vérificateur général a rendu public, le 30 octobre dernier, son rapport de l’année 2019. Les vérifications effectuées dans 31 entités ont révélé des déficiences dans la gestion administrative et financière ayant entraîné d’importantes déperditions financières. Ainsi, le manque à gagner s’élève à plus de trois cent milliards FCFA.
Le BVG a effectué, au titre de l’année 2019, trente-et-une (31) missions de vérification dont quinze (15) vérifications financières ou de conformité, huit (8) vérifications de performance et huit (8) vérifications de suivi des recommandations. Ces vérifications ont concerné les domaines des Affaires Étrangères, des Collectivités Territoriales, des Mines, des Affaires Religieuses, des Finances, de la Santé, de l’Agriculture, de l’Éducation, de l’Énergie, des Télécommunications, de l’Habitat et de la Communication. Ainsi, il ressort du rapport annuel 2019 du BVG que le montant de manque à gagner pour le trésor public et les structures concernées s’élève à plus de 300 milliards FFCA.
Il se présente comme suit par entités vérifiées : A l’Ambassade du Mali à Washington : les irrégularités financières s’élèvent à 181,50 millions de FCFA ; Ambassade du Mali à Rome : les irrégularités financières s’élèvent à 284,15 millions de FCFA ; Ambassade du Mali à Madrid : les irrégularités financières s’élèvent à 51,05 millions de FCFA ; Ambassade du Mali à Abidjan, les irrégularités financières s’élèvent à 166,48 millions de FCFA ; Ambassade du Mali à Ouagadougou : les irrégularités financières s’élèvent à 1,84 milliard de FCFA ; Consul Général du Mali à Douala : les irrégularités financières s’élèvent à 133,69 millions de FCFA ; Mairie de la Commune II du District de Bamako : les irrégularités financières s’élèvent à 153,64 millions de FCFA ; Les sociétés des mines d’or de Loulo et de Gounkoto : les irrégularités financières s’élèvent à 60,53 milliards de FCFA ; Mine d’or de Syama : les irrégularités financières s’élèvent à 227,87 milliards de FCFA ; Ministère des affaires religieuses et du culte (Maison du Hadj) : les irrégularités financières s’élèvent à 639,86 millions de FCFA ; Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications, des Technologies de l’Information et de la Communication et des Postes (AMRTP) : les irrégularités financières s’élèvent à 4,53 milliards de FCFA ; Office de Radio et Télévision du Mali (ORTM) : les irrégularités financières s’élèvent à 4,10 milliards de FCFA ; Agence Malienne de Radioprotection (AMARAP) : le montant total des irrégularités financières s’élève à 48,48 millions de FCFA ; Office Malien de l’Habitat : les irrégularités financières s’élèvent à 247,95 millions de FCFA ; Pharmacie populaire du Mali : les irrégularités financières s’élèvent à 236,41 millions de FCFA etc.
Environ 27 dossiers transmis à la justice
S’agissant des dossiers transmis aux autorités judiciaires, le rapport annuel 2019 indique qu’au niveau du Pôle Économique et Financier de Bamako, le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de la Commune III du District de Bamako a fait parvenir par écrit au Vérificateur Général la situation des suites judiciaires des dénonciations reçues au titre de 2019. Elle se présente comme suit : cinq (5) dossiers de dénonciation ont fait l’objet de l’ouverture d’informations judiciaires dans les différents cabinets d’instruction ; un (1) dossier de dénonciation a été orienté en citation directe ; dix-huit (18) dossiers de dénonciation sont en instance d’enquête préliminaire au niveau de la Brigade d’enquête financière du Pôle Économique et Financier ; un (1) dossier est en instance de traitement.
Concernant la Section des Comptes de la Cour Suprême, les dossiers sont en cours de traitement. Aussi, au niveau des régions, le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Kayes, chargé du Pôle Économique et Financier et celui de Mopti ont informé par écrit le Vérificateur Général de l’ouverture d’une information judiciaire relative à une dénonciation.
Le Président de la Transition, Bah Ndaw lors de la cérémonie de réception du rapport annuel 2019 déclarait : « Soyez certain alors, Monsieur le Vérificateur général, que la situation ne restera pas en l’état! Car dès ce lundi, les départements ministériels concernés seront mobilisés pour que les responsables des entités incriminées sachent que la performance n’est pas facultative mais obligatoire. Il n’y a pas d’hésitation possible : c’est soit le Mali, soit la porte ! Monsieur le Premier ministre, en tant que chef de l’administration publique, la balle est dans votre camp. Et vous savez à quoi vous en tenir ! Je combattrai l’impunité de toutes mes forces. On réussira parfois, sous le prétexte de l’urgence, à tromper ma vigilance. Et parfois, je serai victime de nos faibles capacités d’investigation.
Mais, chaque fois que la preuve est établie, je corrigerai l’erreur et la sanction tombera. Personne n’y échappera. Tous ceux qui voudront se servir du Mali, au lieu de le servir, le feront à leurs risques et périls. Qu’ils le sachent ! », avait déclaré le Président de la Transition.
Un mois après la publication de ce rapport, qu’en est-il de ces fortes déclaration du Président Ndaw qui avait même instruit de lancer, dès la semaine qui suit, la guerre contre les fossoyeurs de la République ? En attendant des actions concrètes, la corruption et la délinquance financière continue à tirer le pays vers le bas.