Au Sahel, la lutte contre le terrorisme ne peut être menée seule. « Il faut une variété d’acteurs pour faire face aux défis de taille dans la région », a déclaré Jean-Pierre Lacroix, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de paix.
Devant le Conseil de sécurité, M. Lacroix a salué la « coordination accrue des acteurs de la sécurité » au Sahel, à savoir les armées nationales, la force française Barkhane, la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA), le groupe de travail Takuba ainsi que la Force conjointe du G5 Sahel qui regroupe le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Cette coordination des efforts a, selon lui, accru la pression sur les groupes terroristes.
« Malgré la pandémie de Covid-19, il convient de noter que les efforts de lutte contre le terrorisme au Sahel se sont en fait intensifiés », a souligné le Secrétaire général adjoint.
Dans ce contexte, la Force conjointe du G5 Sahel demeure un élément essentiel des réponses sécuritaires pour lutter contre les groupes armés extrémistes dans la région, estime le haut responsable onusien, qui a également cité les autres défis transfrontaliers de la région que sont les trafics de personnes, de marchandises illicites, d’armes et de drogues.
Ces six derniers mois, la Force conjointe du G5 Sahel a continué de renforcer ses effectifs opérationnels. « Les unités de la Force conjointe ont de plus en plus acquis des expériences pratiques et une efficacité dans leurs opérations », a précisé M. Lacroix.
Il estime que le renforcement de la composante police de la Force conjointe permettrait d’améliorer la surveillance des opérations militaires, mais aussi d’appuyer la consolidation des États, le secteur de la justice, la réforme des prisons et le respect des droits de l’homme. « De nombreux domaines nécessitent encore une attention urgente » pour mettre en œuvre la composante police de la Force conjointe, a-t-il rappelé.
S’agissant du respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire par la Force conjointe, « des travaux essentiels restent encore en suspens », a dit M. Lacroix, mais « la Force conjointe a pris des mesures importantes dans la bonne direction, notamment les mesures d’atténuation mises en place à la suite de l’établissement en cours du Cadre de conformité ».
Le soutien de la MINUSMA à la Force conjointe du G5 Sahel reste essentiel
Le soutien opérationnel et logistique réactif de la MINUSMA à la Force conjointe reste essentiel pour les opérations de la Force, en particulier dans le secteur Centre (région des trois frontières Mali, Burkina Faso et Niger). « La fourniture de denrées consommables de survie par la Mission s’est avérée essentielle pour soutenir la Force conjointe, notamment pendant la saison des pluies », a expliqué M. Lacroix.
Suite à l’autorisation donnée par le Conseil de sécurité, la MINUSMA a commencé à mettre en œuvre la commande de denrées consommables de survie aux contingents de la Force conjointe opérant en dehors du territoire malien sur la base des besoins identifiés et approuvés par le G5 Sahel.
Néanmoins, les limites du modèle d’appui actuel à la Force conjointe présentent d’importants obstacles. « La question de la prévisibilité du financement reste préoccupante », a rappelé M. Lacroix. « La Force conjointe du G5 Sahel joue un rôle essentiel dans la réponse régionale à l’extrémisme violent. À cet égard, il est essentiel qu’elle reçoive l’assistance dont elle a besoin pour s’acquitter des tâches qui lui ont été confiées », a-t-il dit.
Par ailleurs le modèle d’appui actuel qui repose sur une planification trimestrielle pour la fourniture de denrées consommables de survie, alors que la Force conjointe opère dans un milieu changeant, offre une marge de manœuvre limitée.
« Malgré des progrès encourageants dans l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel, il reste encore beaucoup à faire », a dit M. Lacroix. « Nous devons être conscients des conséquences désastreuses de la situation sécuritaire pour le reste de la région de l’Afrique de l’Ouest si la situation au Sahel n’est pas traitée de manière adéquate », a-t-il prévenu.
Alors que les appels à la mobilisation de ressources supplémentaires pour soutenir la lutte du G5 Sahel contre le terrorisme se poursuivent, il en va de même pour les appels à une mobilisation accrue pour lutter contre la pauvreté et la crise humanitaire sans précédent que traverse actuellement la région. « Le renforcement de la Force conjointe n’est en fait qu’un des aspects de l’appui de la communauté internationale », a précisé le Secrétaire général adjoint.
Dans cet esprit, M. Lacroix a salué les mécanismes de coordination renforcés que la Coalition pour le Sahel (initiative des cinq pays de la région et de la France) propose de mettre en place. Selon lui, ces mécanismes permettront à tous les partenaires internationaux de tirer parti de leurs atouts comparatifs et de travailler ensemble plus efficacement dans les domaines du développement, de l’humanitaire et de la protection des civils.
« Face à la situation au Sahel, la communauté internationale doit continuer à être motivée par une responsabilité partagée d’agir rapidement dans la complémentarité et dans un esprit de solidarité vis-à-vis des populations de la région », a-t-il conclu.