Les organisations humanitaires présentes dans le pays rappellent que 7,5 millions de Maliens, « soit plus de 35 % de la population », avaient besoin d’assistance.
La junte malienne a annoncé, lundi soir 21 novembre, l’interdiction des activités de toutes les organisations non gouvernementales (ONG) financées ou soutenues par la France, y compris celles opérant dans le domaine humanitaire.
Cette décision est susceptible de concerner de nombreuses ONG auxquelles la France continuait à apporter son soutien en dépit de l’abrupte dégradation des relations entre les deux pays depuis plus d’un an.
Le premier ministre par intérim, le colonel Abdoulaye Maïga, la justifie, dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, par l’annonce récente par la France qu’elle avait suspendu son aide publique au développement à destination du Mali. Le Quai d’Orsay avait précisé que la France maintenait son « aide humanitaire » et quelques soutiens à des organisations de la société civile maliennes.
Le colonel Maïga dénonce dans son communiqué des « allégations fantaisistes » et un « subterfuge destiné à tromper et à manipuler l’opinion publique nationale et internationale aux fins de déstabilisation et d’isolement du Mali ». « En conséquence, conclut-il, le gouvernement de la transition décide d’interdire, avec effet immédiat, toutes les activités menées par les ONG opérant au Mali sur financement ou avec l’appui matériel ou technique de la France, y compris dans le domaine humanitaire. »
« Situation de grande fragilité »
Une multitude d’ONG œuvrent au Mali dans les domaines de la santé, de l’alimentation ou de l’éducation. Le pays, pauvre et enclavé, fait face depuis 2012 à la propagation djihadiste et aux violences de toutes sortes, mais aussi à une crise politique et humanitaire grave. Des centaines de milliers de personnes sont déplacées par le conflit.
Depuis mai 2021 et un second coup d’Etat confortant leur emprise, les colonels se sont détournés de la France, poussée vers la sortie, et dont le dernier soldat a quitté le pays en août après neuf ans d’engagement contre les djihadistes au côté de l’armée malienne. Les colonels se sont tournés militairement et diplomatiquement vers Moscou.
Un collectif d’ONG, dont CCFD Terre-Solidaire, Handicap International, Médecins du monde et Oxfam, avait exprimé son inquiétude devant la suspension par la France de son aide.
Destinataires d’une importante partie de ces financements, ces ONG s’alarmaient dans une lettre au président Emmanuel Macron du fait que la suppression de tels financements n’entraîne « l’arrêt d’activités essentielles, voire vitales (…) au profit de populations en situation de grande fragilité ou de pauvreté ».
Elles rappelaient que 7,5 millions de Maliens avaient besoin d’assistance, « soit plus de 35 % de la population », et que le Mali figurait en 184e position au classement de l’indice de développement humain.