Certains établissements scolaires auraient été transformés en lieu de détention pour les nombreux manifestants arrêtés par la police jeudi 20 octobre 2022.
Au Tchad, quatre jours après les violentes manifestations ayant causé la mort d’une soixantaine de personnes, les écoles sont toujours fermées. Certains établissements scolaires seraient transformés en lieux de détention et de torture pour les nombreux manifestants arrêtés par les forces de l’ordre. Certains témoignages évoquent des exécutions et des corps transportés.
Les élèves renvoyés chez eux
Nous sommes au quartier Habbena, près de l’école officielle située à quelques encablures du siège du parti Les Transformateurs de l’opposant Succès Masra, un des initiateurs de la manifestation du 20 octobre dernier.
La cour de cet établissement ressemble à un camp militaire où sont garés plusieurs véhicules de l’armée. Les élèves qui se rendaient dans cet établissement scolaire ce lundi [24.10.22] ont été contraints de faire demi-tour. Ils ont même été menacés, raconte Evelyne, élève de cet établissement qui déclare à la DW :
‘’Ce matin, je me suis habillée pour venir à l’école et arrivée là, j’ai vu beaucoup de militaires dans notre école. Ils étaient tout prêts de me taper, donc j’ai été obligée de retourner à la maison. Il parait qu’ils ont gardé là les manifestants arrêtés”.
Les cris de ceux qu’on torture
Une situation insupportable pour les parents d’élèves et les riverains de cette école. André Djero habite non loin de cet établissement.
‘’Il y a beaucoup de jeunes manifestants arrêtés dans cette école que vous voyez, affirme André Djero. Depuis le 20 octobre, les militaires ne font que torturer ces jeunes. Les enfants pleurent la nuit, on les entend, mais on ne peut rien faire. Chaque jour il y a des corps qui sortent de cette école. C’est grave!’.
L’école, un lieu sacré
Blaise Ngartoide, le secrétaire national du syndicat des enseignants du Tchad, rappelle que “l’école c’est un lieu sacré, c’est un lieu d’étude”. Il ne comprend donc pas que, “quelle que soit la situation que le pays connait, l’école ne peut pas être un centre d’accueil des militaires en armes… L’école ne peut pas servir de prison.” C’est pourquoi son syndicat demande au ministre de la Sécurité “de demander aux militaires de se retirer de ces différents établissements scolaires pour permettre à ce que l’école puisse reprendre. Ce n’est pas bien”.
Nous avons tenté d’avoir l’avis du ministre de l’Education nationale sur le sujet mais n’avons pas réussi à obtenir de réponses à nos questions.