Après la visite de trois jours d’Emmanuel Macron à Alger et Oran, Français et Algériens ambitionnent de refonder leurs relations autour de trois questions aussi sensibles qu’essentielles : la mémoire, la mobilité et la sécurité.
FRANCE – MAGHREB : L’ÉQUATION IMPOSSIBLE (3/4) – La scène a marqué les esprits aussi bien parmi les membres de la délégation française qu’au sein des invités algériens et étrangers. Ce 25 août, au premier jour de la visite de trois jours d’Emmanuel Macron à Alger et Oran, le président français et Abdelmadjid Tebboune étaient assis côte à côte lors du dîner officiel que ce dernier donnait dans la somptueuse résidence mauresque du Palais du peuple qui domine la baie d’Alger.
À l’occasion de ce repas où les convives ont eu droit à un méchoui et à des mets traditionnels, les deux hommes ont échangé jusque tard dans la nuit. L’entrevue s’est ensuite poursuivie jusqu’à 3 heures du matin dans la résidence d’État de Zéralda, à l’ouest d’Alger, où le président français a logé. Entre le 25 et le 27 août, Tebboune et Macron se seront donc vus à six reprises, entre tête-à-tête, entretiens élargis, dîner et déjeuner.
Dans les annales des rencontres présidentielles entre Français et Algériens, jamais deux chefs d’État ne s’étaient vus autant de fois en l’espace de trois jours. Pour sceller ce voyage qui aura été une réussite, à en croire des accompagnateurs de Macron, les autorités algériennes ont fait escorter l’avion présidentiel par quatre chasseurs Sukhoï Su-30, de fabrication russe. Une première pour un chef d’État français depuis l’indépendance de l’Algérie, en juillet 1962. Les commentaires chaleureux des ministres français qui ont partagé sur Twitter les photos des Sukhoï de l’armée algérienne disent combien ce geste de Tebboune a été apprécié.
La bonne entente, la proximité, la confiance et une certaine complicité qui se sont établies entre les deux hommes depuis l’arrivée au pouvoir de Tebboune, en décembre 2019, suffiront-elles à cimenter ce nouvel élan ? Les cycles de brouilles et de retrouvailles, de tensions et d’apaisement, de fâcheries et de rabibochages que connaissent les relations franco-algériennes depuis toujours incitent à la prudence.
Mais de l’avis des proches d’Emmanuel Macron qui l’ont accompagné à Alger et à Oran, des liens sérieux, sincères et francs se sont tissés et consolidés entre les deux présidents tout au long de ces trois jours. « Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron ont instauré un contact direct, reconnaît un diplomate algérien. Ce contact évite les interférences et les réseaux parallèles qui parasitent souvent les relations entre les deux pays. »