Le gouvernement éthiopien a annoncé mercredi avoir répondu favorablement à une invitation de l’Union africaine (UA) à de prochains pourparlers de paix avec les rebelles de la région septentrionale du Tigré.
Selon une lettre envoyée aux deux parties par le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, et transmise à l’AFP par le ministère sud-africain des Affaires étrangères, ces pourparlers devraient se tenir au cours du weekend en Afrique du Sud. Ils visent à mettre fin à presque deux ans de conflit dans le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique.
“L’Union africaine a envoyé une invitation à des discussions de paix. Le gouvernement d’Ethiopie a accepté cette invitation, dans la lignée de notre position de principe concernant la résolution pacifique du conflit et la nécessité de discussions sans préconditions”, a indiqué dans un tweet Redwan Hussein, conseiller à la Sécurité nationale du Premier ministre Abiy Ahmed. Les autorités rebelles du Tigré ne se sont pas encore exprimées sur le sujet, annonçant simplement à l’AFP un prochain communiqué.
De son côté, la porte-parole du président de la Commission de l’UA, Ebba Kalondo, a répondu à l’AFP que les détails des pourparlers seraient communiqués “au moment opportun, en consultations avec les parties”.
La lettre de l’UA parle de “discussions entre les deux parties”, gouvernement éthiopien et rebelles, semblant indiquer que l’Erythrée voisine, un des pays les plus fermés et autoritaires au monde, dont l’armée épaule les forces gouvernementales éthiopiennes, n’est pas invitée. Les rebelles tigréens ont toujours déclaré qu’ils refuseraient la présence d’Asmara à d’éventuels pourparlers.
La missive indique aussi que les discussions se feront sous l’égide de l’ex-président nigérian Olusegun Obasanjo – envoyé spécial de l’UA pour la Corne de l’Afrique –, assisté de l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta et de l’ex-vice-présidente sud-africaine Phumzile Mlambo-Ngcuka.
Après cinq mois de trêve, qui avaient laissé entrevoir des espoirs de négociations de paix, les combats ont repris le 24 août dans le nord de l’Ethiopie entre les rebelles tigréens et l’armée fédérale éthiopienne, épaulée par des forces des régions frontalières du Tigré et par celles de l’Erythrée.
Après une précédente visite en septembre, l’envoyé spécial américain pour la Corne de l’Afrique Mike Hammer est de retour dans la région depuis le 3 octobre pour “parvenir à une cessation immédiate des hostilités dans le nord de l’Ethiopie et soutenir le lancement de pourparlers de paix sous l’égide de l’Union africaine”, selon le département d’Etat.
Hostilités à huis clos
Le conflit dans le nord éthiopien a commencé en novembre 2020 quand Abiy Ahmed a envoyé l’armée fédérale éthiopienne au Tigré pour en déloger les dirigeants du gouvernement régional, qui contestaient son autorité et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires sur place. Les hostilités se déroulent largement à huis clos, le nord de l’Ethiopie étant interdit aux journalistes, et la situation sur le terrain est difficile à vérifier.
Selon des sources concordantes, les forces fédérales et régionales éthiopiennes et les troupes érythréennes ont depuis la reprise des combats pris le Tigré en tenailles, menant des offensives depuis les quatre points cardinaux. L’armée de l’Erythrée a en septembre franchi en plusieurs endroits les quelque 500 km de frontière séparant le pays du nord du Tigré mais a peu progressé, selon ces sources, et les positions sur le terrain ont peu bougé ces dernières semaines, malgré des combats meurtriers.
Rapidement défaits en novembre 2020, les rebelles tigréens ont repris mi-2021 le contrôle de l’essentiel du Tigré lors d’une contre-offensive qui les a vus s’approcher d’Addis Abeba. Ils s’étaient ensuite repliés vers le Tigré et accusent depuis le gouvernement “d’assiéger” la région, ce que ce dernier dément. Le bilan de cette guerre meurtrière est inconnu. Mais elle a déplacé plus de deux millions de personnes et plongé des centaines de milliers d’Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l’ONU.
Région de six millions d’habitants, le Tigré est en outre privé depuis plus d’un an d’électricité, de télécommunications, de services bancaires ou de carburant et l’ONU a totalement interrompu l’acheminement de son aide humanitaire depuis la reprise des combats.