En marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, des mouvements d’opposition et des organisations de la société civile en profitent pour manifester devant le siège des Nations unies. Samedi 24 septembre, des Soudanais vivant aux États-Unis se sont réunis pour protester contre la venue du général Abdel Fattah al-Burhan, président du Conseil souverain soudanais. Auteur d’un coup d’État le 25 octobre 2021, celui-ci se maintient depuis au pouvoir, au prix d’une répression meurtrière.
Ce samedi 24 septembre, à la veille de la clôture de la 77e Assemblée générale des Nations unies, l’écrivain soudanais Abdourahman el-Amine est venu jusqu’à la 47ème rue de New York. Devant le siège de l’ONU, avec un sourire amer, il lâche un message simple : « Que quelqu’un comme al-Burhane, qui a été condamné pour son coup d’État par le secrétaire général, soit accueilli dix mois plus tard et obtienne la chance de s’exprimer devant l’ONU, c’est une parodie de justice. »
Zoïba, elle, est une jeune femme, volontaire, énergique. C’est elle, debout sur un banc, qui s’exprime devant la centaine de Soudanais réunis autour de gâteaux, d’embrassades, de tambours et de chansons, pour dire ce qu’elle pense du général al-Burhane : « Il n’est pas représentatif du peuple du Soudan. Il représente des miliciens, un putsch, des crimes. C’est un criminel de guerre. »
« Nous n’avons jamais élu ces gens. Nous leur avons répété que nous ne reconnaissons pas leur autorité. Et nous répéterons encore et encore la même chose, jusqu’à obtenir ce qu’on veut », ajoute Wouji, une autre Américano-Soudanaise, elle aussi remontée.
« Le gouvernement actuel, ce sont des lâches »
À ses côtés, son ami Mohamed, en lunettes noires et casquette, avoue son admiration pour les jeunes luttant au pays : « Eux sont courageux. Le gouvernement actuel, ce sont des lâches. Ils se cachent derrière leur bureau et leurs armes. Ils ne veulent rien d’autre que de l’argent et du pouvoir. »
À l’ombre des gratte-ciels, jeunes et vieux partagent des slogans, la même révolte et la même solidarité. Ce que l’écrivain Abdourahman el-Amine ne se lasse pas d’admirer : « C’est dire ce que nous ressentons pour notre pays. Et combien nous sommes attachés au Soudan. Pour certains d’entre nous, déjà âgés, qui ont obtenu la double nationalité, on aurait pu croire que notre attachement serait plus fort que le leur. Mais de voir ces jeunes, qui sont nés ici, conduire nos chants et nos slogans, c’est fascinant. »
Ces deux heures de manifestations, au cœur de Manhattan, ressemblaient à une fête de mariage. Elles se sont d’ailleurs déroulées, elles aussi, en chanson.