Un nouveau rapport révèle les efforts que déploie Pékin pour renforcer son emprise sur les médias dans le monde, notamment en Afrique où son influence est grandissante.
Le parti communiste chinois semble allergique à la critique, que ce soit dans ses affaires intérieures ou à l’étranger. Pékin essaie donc d’influencer les reportages des médias à l’étranger pour que leurs écrits lui soient favorables.
Ainsi, entre 2019 et 2021, la Chine s’est efforcée d’étendre son influence médiatique, réduisant au silence les reportages critiques.
C’est ce que révèle un nouveau rapport, publié jeudi (08.09) par le groupe de réflexion américain sur la liberté d’expression Freedom House.
Sur 30 démocraties dans le monde analysées par le think tank américain, les rapporteurs ont constaté que le Parti communiste chinois a multiplié les tentatives d’influence des médias dans 18 d’entre d’elles.
Intimidation des journalistes et des organes de presse, fourniture de contenus des médias d’Etat chinois aux organes de presse locaux et nationaux, amplification des voix prochinoises sur les réseaux sociaux : telles seraient les méthodes employées par Pékin.
A cela s’ajoute le contrôle de l’information en direction de la diaspora chinoise ainsi que celui des plateformes de distribution de contenus.
Angeli Datt, co-auteur du rapport, explique les visées du Parti communiste dans son effort de soft power : “L’objectif de Pékin, en entreprenant cette campagne mondiale agressive et coûteuse, est de façonner l’opinion publique et de déformer la façon dont les gens perçoivent le parti et ses actions. Et cela est devenu un impératif pour la Chine depuis 2019. C’est à ce moment-là qu’une vague de condamnation mondiale a commencé au sujet des atrocités commises contre les droits humains dans la province du Xinjiang, au sujet des manifestations à Hong Kong, et vraiment depuis 2020 avec la pandémie de Covid-19”.
La Chine fournit des histoires aux médias africains
Le continent africain est aussi au cœur de la stratégie d’influence médiatique de Pékin. L’Afrique est en effet moins bien protégée face à l’opération d’influence chinoiseen raison notamment de l’absence de démocratie dans certains pays, de la faiblesse des institutions ou encore de l’opacité qui entoure le financement des médias.
Sur le continent, la démarche chinoise consiste souvent à fournir des histoires et même des sources aux médias, sur la base d’accords et de conventions de partenariats. C’est ce qu’indique l’expert nigérian des médias, Emeka Umejei, auteur notamment d’un livre sur les médias chinois en Afrique : “La plupart des organes de presse ne vont pas faire de reportages critiques sur la Chine, sur la base de ces accords. Il existe également des accords de partenariat entre les ambassades chinoises et les organes de presse locaux. Ces accords existent partout en Afrique. Ces nouveaux partenariats influencent les reportages sur le terrain.”
L’auteur cite, à titre d’exemple, comment de nombreux médias africains ont rendu compte de la visite de la présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, Nancy Pelosi, à Taïwan début août, avec le même narratif que celui des médias d’Etat chinois.
Cependant, d’autres efforts visant à étendre le contrôle chinois peuvent être plus difficiles à exposer et à contrer, d’autant que les actions de la Chine ne sont pas toujours négatives.
L’infrastructure des médias et des télécommunications que la Chine a mise en place dans de nombreux pays africains a permis, par exemple, à beaucoup plus de personnes d’accéder à internet et aux services de télévision par satellite, reconnaissent les rapporteurs.
Toutefois, ces derniers appellent les médias et la société civile à résister aux efforts de Pékin et à mettre fin aux accords de partages de contenus.