Alors que la crise régionale a pris une nouvelle ampleur ces derniers mois, l’émissaire onusien dispose d’une marge de manœuvre extrêmement réduite, comme en témoigne son actuelle tournée.
« Une tournée pour rien », « une visite pour justifier l’existence même d’un envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara ». Les commentaires qui accompagnent la nouvelle tournée, entamée en juillet, de l’émissaire onusien Staffan de Mistura, nommé en novembre 2021, témoignent des difficultés du diplomate.
Le 3 septembre, il s’est rendu dans les camps de Tindouf, avant de faire escale deux jours plus tard à Alger. La dernière étape de son périple ne sera autre que Nouakchott, en Mauritanie, à partir du 10 septembre. Fait assez rare pour être signalé, le Maroc, le Polisario et l’Algérie s’accordent au moins sur un point : cette visite onusienne n’aura aucun impact sur la résolution du conflit au Sahara.
« La méthode de l’ONU est toujours la même, rien n’a changé, l’émissaire rencontre toujours les mêmes personnes, qui répètent toutes la même chose. Alors qu’il est clair que nous ne sommes absolument pas dans un contexte de médiation », affirme un ex-membre du Polisario.
Liberté de mouvement réduite ?
Staffan de Mistura et l’ONU semblent même agacer au plus haut point chacune des parties. Du 4 au 8 juillet, le médiateur italo-suédois avait débuté sa deuxième tournée dans la région par Rabat, et un entretien avec le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita. Son agenda prévoyait notamment une visite à Laâyoune, la ville la plus importante du Sahara administrée par le royaume, finalement annulée à la dernière minute sans la moindre explication.
Depuis, les langues se sont déliées et il semblerait que l’idée d’une escale à Laâyoune ait déplu à la fois au Maroc et à l’Algérie. Sur place, Staffan de Mistura avait prévu de rencontrer un certain nombre d’indépendantistes sahraouis, ce qui a irrité Rabat.
Tandis qu’Alger a considéré que cette visite à Laâyoune aurait traduit un parti pris de l’organisation internationale en faveur du Maroc. Au cours d’un point presse organisé le 5 juillet, Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, a assuré que Staffan de Mistura « n’a pas perdu sa liberté de mouvement ».