La grande consultation électronique voulue par le président Kaïs Saïed a commencé. Elle s’étendra jusqu’au 20 mars prochain. Une initiative censée recueillir l’avis des Tunisiens sur l’avenir du pays. Sur le terrain, l’opération fait pourtant polémique. La semaine dernière, 32 organisations de la société civile tunisienne ont fait part de leurs réserves quant à ce procédé. L’ONG I-Watch appelle même au boycott de la consultation.
Mi amusé, mi agacé, Mouheb Garoui tapote fiévreusement sur son smartphone. Membre d’I-Watch – une ONG qui lutte pour la transparence – il a d’abord salué la volonté présidentielle de prendre le pouls du pays avant de déchanter en découvrant le site internet lancé par les autorités.
Un QCM, six thématiques en tout, dont le système politique, l’enseignement, la santé et la possibilité de laisser des commentaires libres…ou presque. « Afin d’accéder à cette plateforme, il faut que votre numéro de téléphone soit lié directement à votre carte d’identité nationale. Si j’ai accès à votre carte d’identité nationale alors j’ai automatiquement accès à votre choix et à votre réponse et ça pourrait être un fichage très simple de vos choix. »
Les résultats de cette consultation doivent déboucher sur l’organisation d’un référendum sur l’avenir du pays en juillet prochain. Pour Mouheb Garoui et son ONG, les risques d’instrumentalisation sont importants. « On craint que Kaïs Saïed utilise cette plateforme afin de donner une certaine crédibilité à son projet personnel. Finalement, il dira ce n’est pas moi qui ai choisi, ce sont les Tunisiens qui ont choisi ça. »
Dans un pays où seul un foyer sur deux a accès à internet, des questions se posent aussi sur la représentativité de l’échantillon final.