Des bandes criminelles ont, par ailleurs, tué douze militaires lors de l’attaque d’une base à Mutumji et libéré des prisonniers dans l’Etat de Kogi, au centre du pays.
Des dizaines d’élèves enlevés au début du mois ont été libérées, lundi 13 septembre, par leurs ravisseurs dans l’Etat de Zamfara, dans le nord du Nigeria, où l’armée a lancé plusieurs opérations militaires contre les groupes armés locaux qui multiplient attaques et enlèvements depuis des mois.
Toujours à Zamfara, douze membres des forces de sécurité nigérianes ont par ailleurs été tués samedi dans l’attaque d’une base militaire, selon des sources sécuritaires, tandis que deux cent quarante détenus se sont évadés d’une prison lors d’un autre assaut dans l’Etat de Kogi, dans le centre du pays.
Plus de soixante-dix élèves et des enseignants avaient été enlevés à Kaya le 1er septembre, dernier épisode en date d’une série d’enlèvements de masse dans des écoles et des collèges depuis le début de l’année par des hommes lourdement armés, qualifiés localement de « bandits ».
« Soixante-quinze otages du lycée public de Kaya ont été libérés dimanche soir (…) Ils semblaient en forme et indemnes », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) une source du gouvernement local. Selon des sources sécuritaires, ils ont été libérés en échange de la promesse de laisser à leurs ravisseurs un passage sûr hors de la forêt où ils s’étaient retranchés, l’armée ayant encerclé leur camp.
Les gangs criminels sévissent dans les Etats du nord-ouest et du centre du Nigeria, où ils mènent des raids violents pour piller des villages, voler du bétail et enlever des habitants pour obtenir des rançons. Ils s’en prennent tout particulièrement aux écoles et aux établissements scolaires, cibles faciles car souvent mal protégées et situées dans des zones rurales isolées. Plus de mille élèves ont ainsi été enlevés cette année au cours d’une série d’attaques – la plupart ont été libérés.
Ces derniers jours, des centaines de militaires, assistés d’hélicoptères et de l’aviation, ont été déployées pour traquer les « bandits » à Zamfara. Les télécommunications ont été suspendues par les autorités pour les empêcher d’échanger des informations sur les mouvements de troupes.
Douze morts lors d’une attaque à Mutumji
Alors que ces opérations se poursuivaient, des assaillants ont attaqué samedi une base militaire à Mutumji. Douze personnes sont mortes parmi les forces de sécurité, des armes ont été volées et des bâtiments, incendiés. Mutumji, dans le district de Dansadau, à environ 80 kilomètres de la capitale de l’Etat de Zamfara, Gusau, est une base militaire stratégique dans la lutte contre les bandes armées de la région.
Par ailleurs, des hommes armés ont pris d’assaut dans la nuit une prison de l’Etat de Kogi, dans le centre du Nigeria, libérant deux cent quarante détenus, a expliqué à l’AFP Francis Enobore, porte-parole des services correctionnels du Nigeria. Une « violente fusillade » a eu lieu entre les assaillants et gardes armés de la prison, qui comptait alors deux cent quatre-vingt-quatorze détenus, a-t-il ajouté.
Dans tout le nord du Nigeria, de larges pans du territoire échappent au contrôle de l’armée et des autorités, très critiquées pour leur impuissance à protéger les populations civiles des multitudes de groupes armés qui y opèrent.
Outre le nord-ouest du pays, où sévissent les gangs criminels avant tout motivés par l’argent, le nord-est du Nigeria est en proie à une sanglante insurrection djihadiste qui dure depuis douze ans et a fait quarante mille morts.
Depuis peu, les bandes criminelles lourdement armées qui pillent les villages et kidnappent les habitants dans les Etats du Nord-Ouest et du Centre ont commencé à cibler des militaires, suscitant l’inquiétude d’observateurs qui se préoccupent de liens croissants entre groupes criminels et jihadistes.
En juillet, des « bandits » ont abattu un avion de l’armée de l’air au-dessus de Zamfara alors qu’il rentrait d’une opération. Des hommes armés ont également attaqué une académie militaire dans l’Etat de Kaduna le mois dernier, tuant deux officiers et en enlevant un autre.