En RDC, trafics et exploitation illégale du parc des Virunga financeraient les groupes armés

En RDC, trafics et exploitation illégale du parc des Virunga financeraient les groupes armés

Braconnage et contrebande rapportent chaque mois des centaines de milliers de dollars déplorent une quarantaine d’associations environnementales et de défense des droits humains.

Braconnage, pêche illicite et exploitation illégale du bois dans et autour du parc national des Virunga, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), rapportent chaque mois des centaines de milliers de dollars aux groupes armés qui sévissent dans la région, déplorent des ONG dans un courrier rendu public mardi 7 septembre.

« La majorité des groupes armés actifs dans le Nord-Kivu ont installé leurs bases arrières dans et autour du parc », affirment dans une lettre au gouverneur militaire de la province, dont l’AFP a obtenu copie, une quarantaine d’associations environnementales et de défense des droits humains de l’est de la RDC.

Selon ces associations, ces groupes armés y « exploitent illégalement diverses ressources naturelles pour s’autofinancer ». Il s’agit notamment « du braconnage, avec le trafic illicite de spécimens et de trophées comme l’ivoire, de la carbonisation [fabrication de charbon de bois] et de la pêche illicite en particulier sur le lac Edouard », détaillent ces organisations locales. Rien que la pêche sur ce lac leur procure au moins 100 000 dollars mensuels en taxes illégales prélevées sur l’activité des pirogues.

En ce qui concerne la carbonisation, « en moyenne 40 camions chargés chacun de 150 sacs de charbon de bois sauvage entrent dans la ville de Goma chaque jour ». Au prix de 10 dollars le sac, les sommes perçues atteignent quelque 1,7 million de dollars par mois, affirment encore les associations.
« Réseau mafieux hétéroclite »

Sans compter, ajoutent-elles, « les kidnappings et autres forfaits qui génèrent des fonds colossaux », cet argent sert à l’approvisionnement en armes, mais aussi à « corrompre certaines autorités civiles et militaires ».

Dans leur lettre, les associations demandent au gouverneur « le démantèlement de ce réseau mafieux hétéroclite ». Elles recommandent notamment « d’interdire toute activité commerciale ou trafic illicite impliquant les militaires, les gardes de parcs ou les membres de leurs familles » et « d’arrêter tous les intermédiaires ».

L’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) a réagi positivement à ce cri d’alarme de la société civile qui, a-t-il précisé dans un communiqué, « met le doigt sur un vrai problème : le trafic illégal des ressources naturelles alimente directement les groupes armés ». « Les ordres de grandeur du business qui alimente la violence sont énormes », confirme l’ICCN, en assurant « collaborer étroitement » avec l’armée, « y compris sur certaines des mesures préconisées ».

Situé à la frontière avec le Rwanda et l’Ouganda, le parc des Virunga est un sanctuaire des très rares gorilles de montagne. Il est devenu également un repaire de rebelles et milices qui affrontent régulièrement les écogardes.