L’ancien président Bechir est accusé d’avoir perpétré des crimes de guerre et un génocide au Darfour. Il y reste un dernier groupe rebelle : l’Armée de Libération du Soudan. Ces derniers vivent dans leur bastion du Jebel Marra.
Le mouvement tient une grande partie de la chaîne de montagnes du Jebel Marra, dans l’Ouest du Darfour. Région qui culmine à 3000 m d’altitude. Une zone avec des chemins de terre, de pierre, de sable. Impraticable pour les voitures.
Les habitants eux se déplacent à pied, sur des ânes, des chameaux, pour transporter l’eau et tout un tas de marchandises. Ils vivent dans des villages composés de maisons circulaires en pierre, avec des murs d’enceinte et des champs.
Les terres fertiles du Jebel Marra se trouvent dans les hauteurs, où c’est plus humide, ce qui permet aux gens d’y cultiver du blé, du sésame ou encore divers fruits.
Des conditions de vies spartiates
On croise aussi des groupes de rebelles à pied, mitrailleuses et AK47 sur l’épaule, qui montent et descendent la montagne. Le quartier général des rebelles de l’Armée de Libération du Soudan est situé à Toran Tonga. Un village avec ses petites maisons rondes et leurs toits de chaume.
Les rebelles circulent dans la localité, mais le centre névralgique du mouvement se trouve en face, au milieu d’une forêt de pins.
Il y a un grand terrain utilisé comme camp d’entraînement. Les combattants dorment dans des baraquements ou dans les villages alentours. Ils y cuisinent dans des grandes marmites sous les pins et mangent dehors. Les nuits sont froides, ils sont isolés, et il faut se déplacer à pied dans les montagnes. Des conditions de vie spartiates.
L’ALS est le seul groupe rebelle du Darfour qui n’a pas signé les accords de paix d’octobre. La rébellion estime que ceux qui ont signé l’ont fait par intérêt personnel, pour obtenir des postes. Ensuite le groupe pense que malgré la chute de la dictature, malgré l’accord de paix d’octobre, les racines du conflit au Darfour sont toujours là.
Les tensions interethniques continuent
Il faut dire que les tensions interethniques reste forte entre tribus arabes, que la dictature avait soutenues pendant la guerre, et les tribus non arabes. Des milliers de déplacés ne peuvent pas rentrer dans leurs villages d’origine car ils sont occupés. Et les attaques continuent. Des villages sont encore visés aujourd’hui, avec des meurtres, des viols. Enfin l’ALS estime qu’au sein du pouvoir soudanais aujourd’hui, certaines personnes haut placées ont du sang sur les mains et qu’il faut les juger.
Le groupe revendique 60 à 70 000 combattants. C’est impossible à vérifier. Ils ont un armement léger. Des Kalachnikovs, des mitrailleuses, des lance-roquettes. L’ALS n’a pas de blindés, pas de moyens aériens. Quand les avions bombardent, les rebelles se cachent dans des grottes. Donc c’est une force limitée qui a d’ailleurs perdu une douzaine de localités depuis 2016.
Ils disent qu’ils se financent eux-mêmes. Les habitants du Jebel Marra les aident en tout cas, apparemment de façon spontanée. Il y a aussi des mines d’or au Jebel Marra et l’ALS prélèverait 50 % du minerai récolté.