Sachant bien que c’est une recommandation du Dialogue National Inclusif (DNI) qui a regroupé les forces vives de la Nation malienne, le Président français Emmanuel MACRON, a indiqué, lors du dernier Sommet du G5-Sahel auquel avait pris part le Président de la Transition, Bah N’DAW.
MACRON a ajouté qu’il y avait eu une convergence de vue entre la France et les Chefs d’État du G5-Sahel sur la question. Ce qui sous-entend que le Mali s’inscrit dans cette logique. Au même, moment l’axe 5 du Plan d’action de la Transition prévoit de relancer le dialogue avec les djihadistes maliens. Ambiguïté du processus ou duplicité dans le discours officiel autour de cette question ?
Dans notre pays, il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’un consensus s’est dégagé autour de la nécessité d’engager le dialogue avec les groupes radicaux maliens. Une demande maintes fois exprimée, à l’occasion de la Conférence d’entente nationale (2017), du Dialogue national inclusif (2019) et plus récemment lors des journées de concertation nationale (2020).
D’ailleurs, c’est la logique des choses que le Plan d’action de la Transition a inscrit clairement cette question au rang de ces priorités.
D’ores et déjà des doutes se font jour quant au succès de ce dialogue, au regard d’une certaine cacophonie enregistrée dans les discours entre le Mali et ses partenaires stratégiques dans la lutte contre le terrorisme à l’image de la France.
Alors que Gouvernement a affiché sa volonté de dialoguer avec les djihadistes maliens pour mettre fin aux massacres ; de son côté, la France persiste à rejeter l’idée d’une telle initiative. Et il n’est pas rare de voir les deux pays étaler leur divergence au grand jour lors des rencontres officielles.
Mais, c’est le dernier Sommet du G5 Sahel, tenu N’Djaména (Tchad) qui a relancé les débats sur la question, laissant, du coup, planer le doute sur la sincérité des autorités maliennes d’aller à ce dialogue.
Lors de la conférence de presse qu’il a animée à l’issue du Sommet, Emmanuel MACRON a affirmé qu’il y a eu une convergence fixée avec la haute hiérarchie sur le dialogue avec les responsables de groupes terroristes. Contre l’opinion publique au Mali et au Burkina Faso, les responsables politiques du G5 Sahel et de la France ont convenu de ne pas négocier avec ces responsables, a laissé entendre MACRON.
« Nous avons, ces dernières semaines, consolidé une convergence avec le G5 Sahel pour considérer que Iyad Ag Agali et Amadou Kouffa sont des ennemis et en aucun cas des interlocuteurs. Ils sont des chefs terroristes et ils ont la responsabilité de la mort de milliers de civils et de militaires », a-t-il soutenu.
Mais, quelques jours après cette sortie médiatique du président français, le Premier ministre Moctar OUANE, a réitéré dans son Plan d’action la volonté du Mali de dialoguer avec les radicaux maliens.
On se rappelle, avant MACRON, le chef de la diplomatie française, Jean Yves LE DRIAN, au cours d’un passage à Bamako en octobre 2020, avait exclu toute idée de négociation avec les groupes djihadistes du Mali. Une position qu’a immédiatement nuancée le chef du Gouvernement de Transition, qui avait tenu à rappeler que le « dialogue national inclusif», vaste concertation nationale tenue fin 2019 au Mali, « a très clairement indiqué la nécessité d’une offre de dialogue avec les groupes armés » djihadistes.
Au regard de ces contradictions, on se demande si c’est le président français qui a parlé au nom des pays du Sahel ou si ce sont nos autorités qui font la duplicité face à l’opinion nationale et internationale.