Tadayt, organe de propagande proche d’Al-Qaida, a attribué cette attaque au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, ou Jnim en arabe), alliance djihadiste affiliée à Al-Qaida.
Dix soldats maliens ont été tués, mercredi 3 février, dans une attaque imputée à des djihadistes contre leur poste dans le centre du pays, un des foyers de la violence qui ensanglante le Sahel, ont déclaré des responsables. Le poste de Boni, entre Douentza et Hombori, dans la région de Mopti, a été attaqué vers 6 heures (7 heures à Paris) « par des individus lourdement armés à bord de véhicules blindés ». Fait rare, les assaillants ont eu recours à un ou des véhicules blindés, selon cette même source.
Tadayt, organe de propagande proche d’Al-Qaida, a attribué cette attaque au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, ou Jnim en arabe), alliance affiliée à l’organisation djihadiste. C’est la plus meurtrière depuis le début de l’année contre les forces maliennes, qui ont perdu des centaines d’hommes, de cette manière, durant les mois précédents.
« Pertes importantes »
Dix dépouilles ont été acheminées par un hélicoptère de la mission de l’ONU (Minusma) à l’aéroport de Sévaré, près de Mopti, et huit blessés évacués vers un hôpital, ont affirmé des responsables locaux, souhaitant garder l’anonymat. L’attaque a causé des dégâts importants dans le camp, ont-ils ajouté.
L’armée malienne a fait savoir, par le biais des réseaux sociaux, avoir reçu l’appui aérien de l’opération « Barkhane », la force antidjihadiste française au Sahel. Un responsable militaire malien a souligné que les djihadistes avaient subi « des pertes importantes », sans plus de précision. On ignore la provenance du ou des véhicules blindés.
Comme lors d’autres occasions, les djihadistes, surgis à moto et en pick-up, ont dérobé du matériel sur les lieux de leur attaque. « Les djihadistes ont pris au moins une douzaine de blindés aux forces maliennes, burkinabées et nigériennes ces dernières années », rapporte Héni Nsaibia, chercheur sur le projet « Acled », spécialisé dans la collecte des données relatives aux conflits.
Le secteur a été le théâtre dernièrement d’intenses opérations, comme l’opération baptisée « Eclipse », alliant armées malienne et française. L’armée malienne avait affirmé, le 26 janvier, qu’« Eclipse » avait « neutralisé » une centaine de djihadistes. Dans ce secteur, trois soldats français ont été tués par une mine artisanale à la fin du mois de décembre, ainsi que six soldats maliens dans deux attaques distinctes à la fin du mois de janvier. Le secteur est composé d’une zone clairsemée de forêts et de brousses, que surplombe un massif rocheux, où ont pris place les éléments du GSIM. D’autres groupes, liés, pour leur part, à l’organisation Etat islamique, sillonnent également la région.
Crise multiforme
Depuis 2012 et le déclenchement de rébellions indépendantiste puis djihadiste dans le Nord, le Mali s’enfonce dans une crise multiforme qui a fait des milliers de morts, civils et combattants, ainsi que des centaines de milliers de personnes déplacées, malgré le soutien de la communauté internationale et l’intervention des forces de l’ONU africaine et française.
Les violences se sont propagées vers le centre du pays, qui en est devenu l’un des principaux théâtres, et vers le Burkina Faso et le Niger voisins. Les groupes armés apparus en 2015 dans le centre du Mali ont prospéré sur les anciens antagonismes liés à des questions de terres, entre éleveurs et agriculteurs, entre ethnies peule, bambara et dogon. Ils attaquent tout ce qui reste de la représentation de l’Etat et fomentent ou attisent ces tensions. Des « groupes d’autodéfense » communautaires sont également accusés d’exactions.
Un sommet doit réunir les pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) les 15 et 16 février à N’Djamena pour faire le point sur la situation sécuritaire dans la sous-région, avec, à l’horizon, une possible reconsidération de la force « Barkhane ».