La prochaine session du Comité de suivi de l’Accord (CSA) pourrait se tenir à Kidal. Même si aucune date officielle n’a été fixée à ce stade, cette réunion serait la première à Kidal depuis la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation, il y a près de 6 ans. Pour la CMA, au-delà de la symbolique, cette réunion doit être une occasion pour les parties prenantes d’évaluer non seulement la situation à Kidal, faire un suivi, mais aussi prendre en compte les préoccupations des populations.
Selon Attaye Ag Mohamed, chargé des affaires juridiques de la CMA, « le principe a été discuté et c’est une volonté commune avec les autorités de la transition de pouvoir tenir le prochain CSA à Kidal dans le cadre du renforcement des mesures de confiance ». Ainsi, la CMA déclare partager cette approche. En ce qui concerne la date, rien n’est encore définitivement décidé, car « il appartient au président du CSA de fixer une date qui correspond à son agenda et à celui des autres parties prenantes », explique Attaye Ag Mohamed.
La délocalisation d’une session du Comité de Suivi de l’Accord à Kidal, avec le cortège d’acteurs qui en sont membres et les hautes personnalités qui y participent, peut être plus qu’un « symbole ». La région échappe « depuis plusieurs années au contrôle de l’État ». Toutefois, au-delà de la symbolique, la CMA dit s’attendre à un CSA qui va permettre d’évaluer la situation sur place, de voir ce qui se passe et de parler à la population.
Pour la plateforme, membre du CSA, elle affirme être informée, mais déclare ne pas pouvoir réagir à ce stade sur sa participation. Il faut rappeler que la tenue d’une réunion du CSA à Kidal, a été plusieurs fois annoncée. Mais elle ne s’est jamais tenue à cause des désaccords des parties signataires.
Pendant ce temps, la coordination des mouvements de l’Azawad annonce la création d’une zone de défense et de sécurité relevant de son état-major général dans le Gourma. Une décision prise lors d’une rencontre du comité directeur de la CMA à Kidal, le 29 janvier dernier. Mais déjà, la mesure suscite des réactions de part et d’autres. Pour Fahad Ag Almahmoud, secrétaire général du GATIA, membre de la Plateforme, cette décision de la CMA est en porte-à-faux avec tous les engagements pris dans le cadre du processus de paix.
« La décision dans un premier temps, c’est en pleine contradiction avec les dispositions de l’accord pour la paix, les dispositions de la CTS (commission technique de sécurité). En même temps les engagements sécuritaires et la plateforme. Ça viole tout et c’est ce genre de document qui donne l’impression que la CMA se comporte comme si elle était un État», a-t-il déploré.
« Pas de panique », répondent les responsables de la Coordination. Selon eux, il s’agit simplement de soutenir les actions de sécurisation des populations déjà menées par les forces nationales et internationales dans la zone. « C’est pour permettre à nos positions présentes là-bas de pouvoir travailler avec les autorités nationales, de pouvoir travailler avec les forces internationales afin de contribuer à la sécurisation des personnes et de leurs liens ». Et cela dans le strict respect de l’accord de paix, affirme Attaye Ag Mohamed, chargé des affaires juridiques de la CMA. Il faut signaler que le gouvernement n’a pas encore réagi à cette décision de la CMA.
Pour des observateurs, cette décision de la CMA de créer une zone de défense dans le Gourma est une façon pour le mouvement de réaffirmer sa prise de position dans cette localité. Ils estiment qu’elle peut créer une certaine méfiance entre les acteurs sur le terrain.