Des représentants de ces deux communautés dans le cercle de Koro ont signé trois accords de paix. Ces accords ne sont pas les premiers.
Des représentants des communautés peule et dogon dans le cercle de Koro sont parvenus à la signature de trois accords de paix après quatre mois de négociations.
C’est le Centre pour le dialogue humanitaire, une ONG suisse, qui a été à l’initiative de cette médiation dans ce cercle, frontalier du Burkina Faso. Cette région est régulièrement le théâtre de violences communautaires.
A l’issue de cet accord, les représentants peuls et dogons se sont engagés à œuvrer pour la paix “en pardonnant tous les actes passés et en diffusant des messages de cohésion et d’apaisement”.
Les tireurs de ficelles
La communauté peule salue ces accords et assure vouloir s’engager dans la promotion de la paix.
Hamadoune Dicko, président d’une association peule, redoute néanmoins que la haine entre les communautés continue d’être manipulée :
“Chacun a son agenda. Ce n’est pas parce que certains ont signé pour la paix que les autres vont accepter. Soit parce qu’ils ne sont pas associés, soit parce qu’ils ne sont pas pour la paix, parce qu’ils vivent de cette crise”, explique ce président d’une association peule. Il croit que “Si c’est un peul qui part dans un village dogon tuer une seule personne parce qu’il voulait voler, on dira que des Peuls ont attaqué un village, il y aura des représailles. Il y a des tireurs de ficelles partout”.
Les djihadistes profitent de ces dissensions entre communautés peule et dogon pour renforcer leur présence.
La milice d’auto-défense dogon Dan Nan Ambassagou, officiellement dissoute, est aussi toujours active. Elle est accusée de massacres dans les villages peuls.
Absence de l’Etat malien
La cohabitation était déjà difficile entre ces communautés avant les attaques djihadistes, indique un acteur très au fait des violences entre Peuls et Dogons. Il déplore aussi l’absence d’un Etat malien médiateur.
Selon le politologue Djatourou Diawara, qui a travaillé dans le centre du Mali ces dernières années, il faut continuer à dialoguer et négocier.
“Le centre du Mali est tombé dans un puits assez profond”, observe-t-il. Le politologue indique alors que “Seul le dialogue peut résoudre cette situation. Force est de constater qu’il y a eu beaucoup d’accords signés entre les deux communautés depuis que ces exactions ont commencé. Mais ce cessez-le-feu a toujours été violé soit par un camp soit par l’autre”.
Les accords de paix signés par le Centre pour le dialogue humanitaire prévoient aussi la libre circulation des personnes, des biens et du bétail, le respect des us et coutumes de tous ou encore la facilitation de la fréquentation des villages et des marchés par toutes les communautés.