Mali : Grogne sociale : Les commerçants menacent de boycotter les banques !

Suite à la série de grèves déclenchées par l’Union national des travailleurs du Mali (UNTM), plusieurs secteurs de développement au Mali ont été touchés de plein fouet par l’arrêt de travail, à travers tout le pays. Le monde des commerçants du Mali n’est pas resté en marge de cette situation. Des associations et regroupements de commerçants du Mali, ont au cours d’une conférence de presse à la Chambre du Commerce et de l’Industrie du Mali (CCIM), ce mardi 21 décembre, manifesté leur mécontentement vis-à-vis des banques qui avaient fermé leurs portes empêchant ainsi les opérations bancaires qui constituent le socle des activités des commerçants. Ils menacent de boycotter les banques.

Le secteur privé joue un rôle central au Mali en ce qui concerne la croissance de l’économie du pays. Toutefois, les commerçants, les opérateurs économiques et syndicats des petites et moyennes entreprises ne décolèrent pas face aux banques qui pendant une dizaine de jours ont empêché les opérations de transfert.

Selon Cheick Oumar SACKO, commerçant et membre de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM), « durant cette période [les activités des commerçants] ont été considérablement affectées. Nous sommes avant tout les partenaires de première ligne des banques. Le différend entre l’Etat et l’UNTM ne devrait pas nous empêcher de poursuivre notre commerce. Avec l’insécurité qui sévit dans le pays, nous nous empressons de faire le versement de nos fonds à la banque à la fin de la journée. Nos associés qui sont à l’extérieur travaillent avec l’argent que nous leur envoyons tous les jours. Il ne s’agissait pas pour nous de prendre du crédit avec les banques, mais nous avons été tout simplement empêchés durant toute la période de la grève de prendre notre argent que nous leur avons confié », a-t-il déclaré.

Respect des engagements

Aussi, ajoute-t-il que les commerçants ne sont ni contre la grève de l’UNTM ni contre l’Etat : « Nous réclamons juste que les banques respectent leurs engagements envers nous, les commerçants, qui avons un rapport quotidien à l’argent. Cet arrêt de travail nous pénalise mais arrange les banques dans la mesure où elles vont prélever l’AGIO sur nos fonds logés dans leurs établissements », indique-t-il.

« Ce sont les banques elles-mêmes qui sont venues vers nous pour faire évoluer le taux de bancarisation au niveau du secteur privé. Avec la grève, ces établissements financiers n’ont même pas assuré le service minimum, alors que nous sommes les principaux pourvoyeurs d’argent au niveau des banques. La grève a occasionné des pertes lourdes au niveau des finances des opérateurs économiques du Mali. Nous n’avons tout simplement pas apprécié que nous soyons punis pour des fautes que nous n’avons pas commises. Les commerçants ont tous les jours, à tout moment besoin de faire des transactions », explique Sanou SARR, président du réseau malien des PME.

Et d’ajouter qu’il « ne faut pas qu’en revendiquant leurs droits, elles nuisent à nos activités. Il y a certains opérateurs qui travaillent à crédit avec les banques. D’autres au contraire font tourner les banques chaque jour. Il faut que nos partenaires banquiers sachent notre désarroi. Il y a parmi nous des commerçants qui n’ont pas pu charger leurs conteneurs ou n’ont pas pu faire acheminer les conteneurs faute de ne pas pouvoir payer ».

Pour les intervenants qui se sont succédés, notamment le SYNACODEM, le Collectif national des acteurs commerçants du Mali, l’Association des commerçants voyageurs du Mali et de la diaspora, la Fédération nationale des associations des commerçants détaillants et contribuables du Mali, l’association des quincailleries du Mali entre autres, les commerçants prévoient de boycotter les banques pendant, au moins 15 jours pour manifester leur mécontentement.