Tout récemment sur France 24 et RFI, Moctar Ouane, notre premier ministre de la transition a annoncé clairement la volonté de son gouvernement de négocier avec le JNIM. En cela, précise-t-il, son gouvernement répond à la volonté du peuple malien exprimée à deux reprises, lors de la Conférence d’entente nationale de 2017, puis du Dialogue national inclusif de 2019. La France, par la voix de son président Emmanuel Macron, n’est pas de cet avis. Elle estime qu’il faut continuer de lutter contre les terroristes.
Ainsi, les uns diront que le Mali exerce pleinement sa souveraineté en négociant, d’autres diront que si notre pays est aujourd’hui souverain, c’est aussi grâce à la présence de Barkhane sans laquelle les djihadistes auraient déjà pris le pouvoir à Bamako en 2013.
Pour ma part, ce débat me rappelle un dessin publié il y a quelques mois par Jeune Afrique. On y voyait un essaim de criquets s’abattant sur une partie de notre continent dévorant tout sur son passage et semant la désolation tandis qu’un impuissant négociateur international, s’adressant aux criquets indifférents à sa présence, leur intimait « soit vous acceptez de négocier, soit je vous dénonce à la Cour pénale internationale ! ».
Les criquets djihadistes sont sur notre terre et sèment la désolation depuis près de 10 ans. Sur leur passage ils brûlent, ils tuent, ils volent le bétail, ils frappent, ils violent, ils mentent, ils enlèvent nos enfants, dans l’indifférence totale de nos malheurs.
Fatigué de vouloir les éradiquer, dans un aveu d’impuissance et un geste dérisoire, notre gouvernement pourrait-il les contraindre d’accepter la négociation en les menaçant de les dénoncer à la CPI ?
Iyad Ag Ghali et les autres doivent bien rire. Après tous les crimes commis, comment imaginer qu’ils puissent craindre la menace d’un jugement par une instance internationale ?
De petites voix glissent à l’oreille du peuple et de nos dirigeants qu’il faut renoncer à combattre et entamer le dialogue. Ces petites voix qui paraissent les voix de la sagesse sont en fait celles du malin. Car en réalité, il faut avoir de quoi négocier et nous n’avons rien si ce n’est nous vendre au diable, accepter son chantage et lui livrer l’avenir de nos enfants.