Au Mali, l’armée malienne fournit à nouveau plusieurs tonnes d’aide alimentaire au village de Farabougou, dans la région de Ségou. Avec le soutien logistique de la Mission des Nations unies dans le pays, des vivres et des médicaments ont été livrés jeudi, d’autres livraisons sont prévues ce vendredi, pour soutenir les habitants de ce village du centre du pays, encerclé depuis plus d’un mois par des combattants jihadistes, sur fond de conflit intercommunautaire entre les chasseurs traditionnels dozos et l’ethnie peule.
Ce conflit ne concerne pas uniquement le village de Farabougou, ces rivalités minent le quotidien des habitants de l’ensemble du cercle de Niono, qui a connu ces dernières semaines et ces derniers jours des affrontements violents et même des assassinats.
C’est justement l’objet d’un vaste Forum organisé par le gouvernement à Niono. Il s’est ouvert jeudi, en présence du gouverneur et de quatre ministres qui avaient fait le déplacement, mais ce n’est que depuis ce vendredi matin que les participants sont entrés dans le vif du sujet.
Les interventions vont se succéder jusqu’à samedi soir. Des maires, des chefs de village, des imams et des chasseurs traditionnels dozos, quatre représentants par commune (il y en a douze dans le cercle de Niono). Sans compter les responsables communautaires et les représentants de l’État malien. Ils sont très nombreux à participer à ces discussions.
Défiance entre Peuls et chasseurs dozos
Le nœud du problème est la défiance qui s’est installée entre l’ethnie peule et les chasseurs traditionnels dozos. Les Peuls sont accusés par certains de collusion avec les jihadistes présents dans la zone, notamment la Katiba Macina du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans, qui sont liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique. De leur côté, les chasseurs traditionnels dozos, qui protègent les villages bambaras, sont régulièrement accusés de violence contre les Peuls.
Il y a la réalité, il y a les amalgames, mais tout cela a conduit à cette défiance généralisée et meurtrière. C’est notamment ce qui a conduit au siège de Farabougou, où les jihadistes qui encerclent le village ont aussi des griefs dirigés contre les chasseurs dozos. C’est un enjeu central de ce forum : faire avancer la médiation à Farabougou.
Mais il y a aussi tout le reste, le quotidien dans les autres localités de la zone, à Diabali, Nampala, Sokolo, Dogofry… Plusieurs participants au forum indiquent être venus parler des déplacés internes, ces milliers de personnes qui ont fui leur village par peur des affrontements, ce qui crée des tensions pour l’accès à l’eau notamment. Les bergers peinent à écouler leur bétail, parce que des foires sont empêchées et des routes sont bloquées par des chasseurs dozos dans certains cas, par des combattants jihadistes dans d’autres.
Meurtres, enlèvements, vol de bétail, les conflits sont multiples, récurrents, et c’est à tout cela qu’il s’agit de trouver une issue, par le dialogue.