Cela fait deux semaines que les habitants de Farabougou, dans le centre du Mali, sont coupés du monde. Des hommes armés interdisent l’accès à cette petite localité proche de Diabaly, région de Ségou. Après avoir tué au moins six habitants et kidnappé neuf autres il y a deux semaines, selon des témoignages locaux, les assaillants interdisent encore tout mouvement. Impossible d’entrer ni de sortir du village. Ce week-end, un pont permettant d’accéder à Farabougou a même été détruit.
C’est un tout petit pont, mais avec lui s’est écroulée une partie des espoirs des habitants de Farabougou. Ce pont était un passage obligé pour accéder à leur village. Il a été détruit dans la nuit de samedi à dimanche 18 octobre. Le message est clair: les « jihadistes », comme les désignent les habitants de la zone, sont toujours là. « Aidez-nous !», supplie un habitant, joint ce lundi.
Ce matin, pour la première fois, des vivres ont pu être transmis aux villageois par les airs; l’armée malienne a largué une cargaison, par avion, au-dessus du village. « Une action humanitaire » qui traduit, selon l’armée malienne, « la volonté des autorités de soulager les populations. » Un habitant confirme que six caisses ont été réceptionnées, même si l’une d’elles s’est écrasée au sol, avec à l’intérieur 250 kilos de riz, des pâtes, de l’huile, du sucre : un réconfort, sans aucun doute, mais bien loin de suffire, selon lui, aux besoins des quelque 3 000 habitants du village.
Médiation
Actuellement, une tentative de médiation est en cours, menée par des notables de la zone. Elle a commencé il y a près d’une semaine. Les maires, chefs traditionnels, représentants communautaires et religieux impliqués, ont établi des contacts avec les hommes armés qui encerclent Farabougou, via des intermédiaires locaux. « Nous progressons, mais c’est délicat », expliquait encore ce lundi l’un des membres de cette médiation. Il précise que ces hommes armés se présentent certes eux-mêmes comme des combattants jihadistes, idéologiquement, mais qu’ils ont aussi des griefs plus spécifiques, plus locaux, à l’encontre précisément des chasseurs dozos de Farabougou.
« C’est un peu flou », reconnaît cette source, qui évite également de donner trop de détails pour préserver les discussions en cours afin d’obtenir la levée du siège.
L’armée sur place…
Beaucoup d’observateurs se demandent pourquoi l’armée malienne n’intervient pas ni même les forces internationales présentes au Mali. Les soldats maliens ne sont pas inactifs: ils sont sur place et tentent, depuis plusieurs jours, d’acheminer des vivres à Farabougou, mais les routes sont boueuses, difficilement praticables, et surtout il y a le risque des mines, d’engins explosifs qui pourraient être placés sur les pistes à emprunter. Jusqu’à présent, les soldats maliens ne sont donc, effectivement, pas parvenus jusqu’au village.
Ensuite, les médiateurs eux-mêmes affirment ne pas être favorables à un assaut qui pourrait, selon le maire d’une commune voisine, « enflammer et étendre le conflit » à d’autres localités jusqu’ici préservées. Pour le moment donc, les médiateurs veulent faire baisser la tension et continuent de privilégier le dialogue.