L’opposition ivoirienne a tenu, samedi, un premier grand meeting au stade d’Abidjan. Longtemps divisée, elle a présenté un front uni contre la candidature controversée du président Alassane Ouattara à un troisième mandat à l’élection du 31 octobre.
Quelque 30 000 personnes se sont réunies, samedi 10 octobre, au stade d’Abidjan pour assister au premier grand rassemblement de l’opposition ivoirienne, qui cherche à faire front commun contre la candidature controversée du président Alassane Ouattara. “Toute l’opposition ivoirienne dit NON, NON, NON !”, pouvait-on lire sur le podium du stade.
Cette manifestation a rassemblé pour la première fois de nombreux leaders : de l’ancien président Henri Konan Bédié, candidat à 86 ans du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, principal parti d’opposition) à des représentants des grands absents de la présidentielle, l’ancien président Laurent Gbagbo, en liberté conditionnelle en Belgique, et l’ancien chef rebelle et ex-Premier ministre Guillaume Soro, en exil en France et recherché par la justice ivoirienne.
L’ancien président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, ou les anciens ministres d’Alassane Ouattara, Abdallah Albert Mabri Toikeusse et Marcel Amon Tanoh, trois figures politiques dont les candidatures à la présidentielle ont été rejetées par le Conseil constitutionnel, étaient également présents.
Il y avait en outre les “frères ennemis” du Front populaire ivoirien (FPI) fondé par Laurent Gbagbo. Le parti de l’ancien président est divisé depuis plusieurs années entre une tendance dirigée par l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan et une autre, les “GOR (Gbagbo ou rien) de Assoa Adou, secrétaire général de la branche considérée comme historique. Celles-ci étaient jusqu’à présent irréconciliables.
Pas d’alliance électorale de l’opposition pour le moment
Dans son discours, Henri Konan Bédié a appelé l’ONU à “se saisir du dossier ivoirien” pour mettre en place “un organe électoral véritablement indépendant et crédible”. Pascal Affi N’Guessan, également candidat à la présidentielle, a rappelé le mot d’ordre de “désobéissance civile” lancé par l’opposition et réclamé une “transition politique” en Côte d’Ivoire.
Le meeting était encadré par un important dispositif policier et le quartier du Plateau (quartier du pouvoir et des affaires) où se trouve le stade était fermé à la circulation routière. L’opposition s’est plaint de mesures visant à décourager les militants de se rendre au stade.
Un contre-meeting du parti au pouvoir qui devait se tenir le même jour dans la capitale économique ivoirienne a finalement été annulé.
Si elle s’est regroupée derrière son refus de la candidature du président Ouattara, l’opposition ne s’est en revanche pas mise d’accord sur une alliance électorale pour la présidentielle.
La position de ses leaders sur la tenue ou non du scrutin présidentiel le 31 octobre ne semble pas non plus unanime : un boycott avait été évoqué par certains, mais Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan maintiennent leur candidature.
Ouverture officielle de la campagne électorale le 15 octobre
De son côté, le président Ouattara enchaîne depuis plusieurs semaines les visites dans différentes régions du pays, multipliant les inaugurations d’infrastructures.
Samedi, il poursuivait une tournée dans le Nord-Ouest, son fief. Comme une campagne avant l’heure, puisque l’ouverture officielle est fixée au 15 octobre.
La crainte de violences électorales est forte en Côte d’Ivoire, dix ans après la crise poste électorale de 2010-2011 qui avait fait 3 000 morts, après le refus du président Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara.
Une quinzaine de personnes sont mortes en août dans des violences survenues dans le sillage de l’annonce de la candidature du président Ouattara.
Élu en 2010, réélu en 2015, Alassane Ouattara, 78 ans, avait annoncé en mars qu’il renonçait à briguer un troisième mandat, avant de changer d’avis en août, après le décès de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
La Constitution ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’avec la nouvelle Constitution de 2016, le compteur des mandats du président en exercice a été remis à zéro, ce que conteste l’opposition.