Le mouvement qui a mené la contestation dans la rue contre l’ex-président malien Ibrahim Boubacar Keïta, renversé par un putsch, a rejeté la charte entérinée par la junte prévoyant une transition de 18 mois.
La coalition d’opposants, de chefs religieux et de membres de la société civile qui a conduit la mobilisation contre Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), renversé le 18 août, a rejeté la « charte de transition » adoptée samedi par des experts désignés par la junte.
Dans un communiqué envoyé à la presse dimanche, le Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) dénonce « la volonté d’accaparement et de confiscation du pouvoir au profit du CNSP » (Conseil national du salut du peuple, institué par les putschistes).
Le M5-RFP affirme que « le document final lu lors de la cérémonie de clôture » de trois journées de concertation nationale sur la transition à Bamako ne correspond pas au résultat des délibérations. Il cite notamment l’absence de reconnaissance de son rôle et de celui des « martyrs dans la lutte du peuple malien pour le changement », ainsi que du « choix majoritaire d’une transition dirigée par une personnalité civile ».
« Pratiques antidémocratiques »
« Le M5-RFP dénonce les intimidations, les pratiques antidémocratiques et déloyales dignes d’une autre époque » et « se démarque du document produit qui ne reflète pas les points de vue et les décisions du peuple malien ».
La « charte de transition » adoptée samedi au terme de ces discussions réunissant personnalités politiques et de la société civile – dont des représentants du M5-RFP – ainsi que des militaires n’a pas été publiée dans l’immédiat. Mais le document en discussion samedi prévoyait une transition de 18 mois, conduite par un président désigné par un comité lui-même établi par la junte, selon des correspondants de l’AFP.
Ultimatum de la Cedeao
Selon des participants, le document adopté ne tranche pas sur la question cruciale de savoir si ce président pourrait être aussi bien un militaire qu’un civil. Or, certains partenaires internationaux du Mali, à commencer par la Cedeao, réclament un retour au pouvoir des civils dans un an maximum, au terme d’une transition dirigée par des civils.
« Nous demandons et espérons la compréhension, l’appui et l’accompagnement de la communauté internationale dans cette mise en œuvre diligente et correcte de la charte et de la feuille de route de la transition », a déclaré samedi le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, à la clôture des travaux.
La Cedeao, qui a imposé au Mali un embargo sur les flux commerciaux et financiers, a donné à la junte jusqu’à mardi pour désigner un président et un Premier ministre civils.