La crise que traverse le Mali inquiète les pays voisins. C’est le cas notamment de l’Algérie qui jouit d’une grande influence dans la région.
Comme les autres pays de la sous-région, l’Algérie, le grand voisin au nord du Mali, a condamné le renversement par une partie de l’armée du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Partageant une frontière longue de plus 1.000 km avec le Mali, l’Algérie craint un enlisement prolongé de son voisin du sud. D’où son implication dès les premières heures du putsch militaire.
Selon Fayçal Métaoui, journaliste au site d’information 24h Algérie, “le ministre des Affaires étrangères de l’Algérie, Sabri Boukadoum, s’est déplacé à la demande du président Abdelmadjid Tebboune à la fin août à Bamako. Il a parlé avec toutes les parties concernées. Et M. Boukadoum a déclaré que le Mali est un pays extrêmement important pour l’Algérie. L’Algérie suit de très près l’évolution politique et sécuritaire au Mali. Elle insiste également sur la question du respect des accords de paix signés à Alger et à Bamako en 2015, des accords qui rétablissent la paix dans le nord du pays.”
Supplanté par la Cédéao
En plus d’être le parrain de l’accord d’Alger de 2015, l’Algérie n’a pas oublié que le Mali nouvellement indépendant, sous la présidence de Modibo Keïta, l’avait aidé durant la guerre d’indépendance contre la France.
En retour, l’Algérie, avec le Maroc, avait aidé le Mali à écraser une première rébellion touareg en 1963.
Mais aujourd’hui, le rôle de l’Algérie semble marginal, estime l’ancien ministre mauritanien des Affaires étrangères et diplomate onusien, Ahmed Ould Abdallah :
“Je crois que la Cédéao a décidé de gérer ce problème à elle seule. Et je sais que nous avons dans la région des présidents comme ceux de l’Algérie et celui de la Mauritanie qui ne sont pas de la Cédéao mais qui sont voisins du Mali et qui sont très sensibles au bien-être des Maliens, à la sécurité et à la stabilité du Mali. Ils méritent d’être consultés davantage pour s’assurer qu’il y ait une bonne transition responsable, qui n’amène pas de vieux souvenirs que nous avons connus en Sierra-Léone et au Liberia avec un effondrement de l’armée.”
Pour le sociologue Mohamed Amara, auteur de l’essai “Le Mali rêvé”, l’Algérie et le Mali doivent coopérer pour sécuriser leurs frontières et contenir les actions déstabilisatrices des groupes djihadistes qui écument la région.
Cependant, plusieurs analystes accusent l’Algérie d’accueillir sur son sol et de protéger le djihadiste touareg Iyad Ag-Ghali. Celui-ci est l’ennemi numéro un de la France au Mali. Des accusations qu’Alger a toujours réfutées.