Plus de deux semaines après le coup d’État qui a renversé le régime du président IBK, le 18 août 2020, les Maliens sont toujours dans l’expectative. Pour cause ! Entre le souci de l’inclusivité, la pression de la communauté internationale et les agendas des différents acteurs, l’urgence de doter le Mali d’organes de transition civile pour la conduite des affaires publiques traine en longueur.
À moins d’une semaine du prochain sommet des chefs d’État de la CEDEAO, prévu pour le 7 septembre prochain, sur le Mali, les choses semblent évoluer en dents de scie.
À la veille de ce rendez-vous important qui doit à nouveau se pencher sur le sort de notre pays (pour la levée, l’allègement ou le durcissement des sanctions), le Comité militaire pour le salut du peuple (CNSP) semble visiblement s’enliser dans des rencontres interminables avec les forces vives de la nation, qu’il a promis d’associer dans le choix de la transition pour laquelle le Mali doit opter.
Si la démarche semble relever d’une volonté de prendre en compte l’avis des composantes de la société, force est de constater que le temps ne joue plus en notre faveur, au regard surtout des urgences du moment.
Surtout quand on sait que le pays sort d’une longue période de 2 mois sans gouvernement avant le coup d’État et que les urgences se sont accumulées. Au-delà des urgences au plan national, il y a la pression de la communauté internationale, à travers la CEDEAO, qui impose des sanctions et exige un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Cela, disent-ils, passe par la remise du pouvoir aux civils pour une transition qui ne peut excéder douze mois.
Si l’on ne prend pas garde, ce rendez-vous très attendu pour le nouvel examen par les chefs d’État de la situation de notre Mali risque de nous tomber-dessus. Pour exprimer sa volonté de se conformer aux exigences de la CEDEAO, le CNSP a annoncé des concertations nationales pour les 5 et 6 septembre 2020.
Sans douter de la bonne foi des responsables de la junte, nous estimons que la démarche empruntée par le CNSP bien que saluée par nombre d’acteurs risque d’être longue et semée d’embuches pour qui connait nos politiciens que qui se plaisent dans les combines et les combinaisons douteuses dans l’optique de préserver leurs intérêts égoïstes.
Comme illustration de cette démarche hésitante du CNSP, nous pouvons citer le couac avec le M5-RFP qui a conduit à l’annulation de la rencontre du samedi dernier. En plus de cet incident qui semble être derrière nous, le CNSP s’est rendu coupable de crime de privilégier certaines organisations par rapport à d’autres dans le cadre des pré-concertations dans la perspective des prochaines assises annoncées. Et ce n’est pas la CODEM de POLO et les organisations féminines, qui ne figurent nulle part dans le chrono de concertation établi par junte, ce 31 août, qui diront le contraire. Sinon, comment comprendre que certains partis politiques, comme l’ADEMA et le MIRIA aient reçu des invitations individuelles pendant que la CODEM de l’ancien ministre Poulo, malgré son poids politique, tombé dans les oubliettes du CNSP sur la liste des invités.
Quoi qu’il arrive, les urgences du moment, notamment la situation sécuritaire du pays, nécessitent que chaque acteur fasse violence sur lui afin de sortir le pays de la crise qui ronge le Mali, depuis des années.