Une opération des forces spéciales françaises a neutralisé Abdelmalek Droukdel, le chef d’Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI)* au Mali. Décryptage du personnage, de l’opération et de ses conséquences par le général Dominique Trinquand, ancien chef de mission militaire auprès de l’Onu, pour le Désordre mondial.
Les bonnes nouvelles sont trop rares dans cette région pour que celle-ci ne fût pas relayée à travers le monde: les forces spéciales françaises ont réussi à neutraliser le chef d’Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI)*, Abdelmalek Droukdel.
Florence Parly, ministre des Armées, a annoncé le succès de l’opération dans le nord du Mali, soulignant le soutien des partenaires de la France et qualifiant la lutte antiterroriste dans le Sahel d’essentielle pour la paix et la stabilité dans la région. Mais qui était Droukdel? Explications du général Dominique Trinquand, ancien chef de mission militaire auprès de l’Onu, spécialiste de la gestion de crise et des opérations de maintien de la paix.
«Il avait réussi un certain nombre d’opérations qui ont touché l’Algérie ces dernières années, et en particulier des prises d’otages qui ont probablement alimenté ses caisses de guerre. Des prises d’otage en particulier dans le sud de l’Algérie.
Ce qu’il y a de remarquable, c’est le fait qu’il a été tué au Mali. Il a quitté l’Algérie donc, il a traversé quasiment toute l’Algérie […] Je n’ose pas penser que les Algériens n’aient pas pu détecter quelque chose. Probablement, les Algériens ont pu passer des renseignements. C’est une nouveauté, puisque jusqu’à maintenant, l’Algérie était plutôt un refuge pour ces chefs d’AQMI*.»
Mais pourquoi Droukdel était-il tellement recherché, notamment par la France? L’ancien chef de mission militaire auprès de l’Onu l’explique:
«Il disait que d’attaquer toutes les cibles françaises était légitime, partout dans le monde. Il le déclarait. Donc, c’était un ennemi déclaré de la France […] Et aujourd’hui, il y a un partage d’influence entre AQMI* et Daech. Donc, détruire le chef d’AQMI, d’une certaine façon, neutralise une partie de l’opposition à l’Opération Barkhane au Sahel.»
Qu’est-ce que la mort de Droukdel va réellement changer sur le terrain? Va-t-il simplement être remplacé ou sa mort entraînera-t-elle des conséquences plus lourdes? Le général Trinquand nuance sa réponse:
«Qui va prendre la suite? Ça va prendre du temps. Ça ne se fait pas au téléphone en disant, “Tu prends la suite”. En même temps que les trois responsables qui ont été tués, un jeune a été fait prisonnier […] Et surtout, de l’informatique, des téléphones, ont été pris. Et donc ça va donner une source de renseignements importante.»